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Florence Williams était en train d’allaiter son deuxième enfant lorsque ses yeux se sont arrêtés sur un article sur les substances toxiques retrouvées dans le lait maternel.

Immédiatement, cette journaliste s’est rendue dans un laboratoire pour tester son propre lait. Les résultats l’ont tellement traumatisée qu’elle en a publié un livre au retentissement mondial : Seins : une histoire naturelle et anti-naturelle.

Phtalates, bisphénols, métaux lourds, pesticides, parabènes et autres perturbateurs endocriniens… Cette cascade de produits chimiques dangereux trouvés dans son lait maternel était transmise à son nouveau-né, bien malgré elle.

Mais ce qui l’a le plus secouée, c’est que ses seins contenaient des polluants provenant de ses meubles et produits ménagers.

Son laboratoire a décelé en particulier des doses élevées de « retardateurs de flamme » ! Ce sont des produits chimiques dont les industriels recouvrent la plupart des tapis, fauteuils et canapés, pour réduire les risques d’incendie. Mais ce sont aussi, on va le voir, des poisons cancérigènes et perturbateurs de la thyroïde.

Je précise tout de suite qu’il n’est pas dangereux d’allaiter, bien au contraire. Même un peu contaminé, le lait maternel reste infiniment supérieur aux laits industriels, notamment pour le système immunitaire de l’enfant.

Mais l’histoire de Florence montre que nos foyers sont gravement pollués… à notre insu !

Je suis convaincu que vous n’imaginez pas à quel point la situation est préoccupante, et c’est pourquoi je vous ai préparé cette lettre avec soin.

Évidemment, c’est un tout petit peu déprimant, mais vous devez savoir à quoi vous en tenir – et vous verrez, il existe des trucs très simples pour éviter ces poisons.

900 substances chimiques dans votre maison

Attention, d’abord, à l’air que vous respirez chez vous. Si vous êtes négligent sur ce point, vous vous donnez toutes les chances de vous rendre malade. Et je ne parle pas des « simples » irritations des yeux, du nez ou de la peau, mais de pathologies beaucoup plus sérieuses.

Car l’air intérieur (chez vous) est toujours plus pollué que l’air extérieur, même si vous habitez en centre-ville ! C’est un fait reconnu par les autorités de santé de tous les pays occidentaux : on trouve dans les logements modernes de 2 à 10 fois plus de composés organiques volatiles (COV) qu’en plein air. [1]

Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, la pollution de l’air intérieur est responsable d’environ 2 millions de décès prématurés.

On l’oublie un peu vite parce que l’on se focalise sur le gaz noirâtre des pots d’échappement. Pourtant, en pleine « alerte pollution », il sera toujours moins risqué de sortir vous promener à l’extérieur que de rester barricadé chez vous sans aérer.

Au total, d’après les médecins de l’Association Santé Environnement France, on ne recense pas moins de 900 substances chimiques dans les logements français . Et le plus inquiétant est que pour la plupart d’entre elles, on ignore tout de leur effet sur notre santé. [2]

Mais voici les poisons que l’on connaît bien et dont vous devez le plus vous méfier.

Du formaldéhyde cancérigène dans vos meubles en bois (Ikéa, etc.)

Grâce à l’action courageuse du Professeur Joyeux, des centaines de milliers de Français savent désormais qu’on trouve dans le vaccin DTPolio des traces de « formaldéhyde », une substance classée comme « cancérigène certain » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC).

Mais ce qu’on sait moins, c’est que nous sommes tous exposés à ce poison à des doses infiniment plus importantes chez nous, dans l’air que nous respirons.

Car le formaldéhyde est un gaz très volatil. Lorsqu’un meuble en contient, il imprègne rapidement l’air ambiant et se retrouve en contact avec les yeux ou le nez.

Il risque alors de provoquer de l’asthme et des allergies [3], mais aussi des cancers, en particulier du nasopharynx [4]. Il est aussi soupçonné de provoquer des troubles neurologiques comme de la fatigue inhabituelle, des angoisses, migraines, nausées ou vertiges.

Vous ne pouvez pas échapper au formaldéhyde si vos meubles sont en bois aggloméré (contreplaqué) : il est utilisé pour coller les petits débris entre eux. Mais même les meubles en bois massifs ne sont pas toujours épargnés, car le formaldéhyde est aussi utilisé dans de nombreuses colles, vernis et peintures.

Et les meubles IKEA ? Ils contiennent bien du formaldéhyde, même si cette enseigne fait des efforts pour en réduire la quantité (si l’on en croit leur communication officielle, elle serait inférieure de 50 % en dessous du seuil imposé par la loi).

Les lits pour bébé ne font pas exception : quelle que soit leur marque, on y trouve des quantités de formaldéhyde inquiétantes [5], alors que les nourrissons y passent près de 20 heures par jour !

Même le matelas sur lequel vous dormez peut en contenir s’il provient de pays asiatiques. Et si ce n’est pas le cas, vous n’échapperez pas à cet autre poison que sont les retardateurs de flamme.

Des « retardateurs de flamme » sur votre matelas, votre canapé et vos rideaux

Tout a commencé en 1975, quand la Californie a décidé d’édicter les règles strictes contre les incendies. Cet État américain a alors contraint les industriels à mettre des « retardateurs de flamme » partout : dans la literie, la moquette, les tapis, les canapés, les fauteuils, les appareils électroniques, et même les pyjamas pour enfant et les tables à langer…

Difficile de trouver meilleure illustration de « bonnes intentions » ayant créé un « enfer ». Car des années après, on a appris que de certaines de ces molécules étaient cancérigènes, neurotoxiques et perturbateurs de la thyroïde. Mais il était trop tard.

La Californie a fait machine arrière en novembre 2013 en abrogeant sa réglementation, mais le mal était fait : les retardateurs de flamme sont désormais utilisés par les industriels du monde entier.

Les plus toxiques (les retardateurs de flamme « bromés », ou PBDE) ont été interdits dans les années 2000, mais nous continuons de les inhaler quotidiennement dans la poussière relarguée par les vieilles moquettes, ou vieux canapés.

D’autres retardateurs de flamme (les « chlorés ») continuent d’être utilisés dans nos meubles, télévisions et ordinateurs, alors que la Californie, bien placée pour en connaître les ravages, les considèrent désormais comme des cancérigènes « certains ».

Au total, une étude datant de 2012 a révélé la présence massive de ces retardateurs de flamme dans la poussière de nombreuses habitations. La conclusion des chercheurs est glaçante :

« Notre étude montre que les gens sont exposés quotidiennement à des retardateurs de flamme toxiques. Ces produits chimiques se retrouvent dans l’air que nous respirons et dans les lits sur lesquels nous dormons. Beaucoup de retardateurs de flamme posent des questions de santé publique, y compris concernant le cancer, les déséquilibres hormonaux et des effets néfastes sur le développement du cerveau.« [6]

Et le pire, c’est que ces substances chimiques n’ont probablement jamais évité le moindre incendie !

C’est ce que conclut l’agence nationale de sécurité alimentaire (ANSES) dans un rapport : leur capacité à protéger protection contre les incendies est tout sauf vérifiée (alors que leur risque pour la santé, lui, est bien réel). [7]

Un tsunami chimique dans vos nettoyants « multi-usages »

Mais le pire des poisons se trouve probablement dans vos placards, dans les produits que vous utilisez pour faire le ménage.

On savait que l’asthme frappe beaucoup plus les femmes de ménage et les infirmières (qui nettoient les instruments médicaux) que les autres professions.

Mais le risque le plus préoccupant est le cancer.

Dans une étude publiée en 2010, des scientifiques ont interrogé 787 femmes du Massachussets (USA) qui avaient été frappées d’un cancer du sein entre 1988 et 1995, et 721 femmes qui ne l’avaient pas été. [8]

Leur conclusion est sans appel : le risque de développer un cancer du sein est multiplié par deux chez les femmes qui utilisent le plus de produits d’entretien !

Les pires poisons se trouvent dans les détergents classiques, les produits de nettoyage courants ou « multi-usages ». Neuf fois sur dix, ils contiennent du formaldéhyde. Telle est la conclusion d’une étude de l’INERIS en 2013, qui a testé les 54 produits de nettoyage les plus utilisés par les Français. [9]

Il faut particulièrement se méfier des sprays et vaporisateurs (comme les détartrants ou décapants pour four). Propulsées dans l’air, les molécules chimiques se retrouvent beaucoup plus facilement dans nos poumons.

Attention aussi aux lave-vitres classiques. Les femmes enceintes doivent impérativement les éviter parce qu’ils contiennent des « éthers de glycols », responsable de malformations du bébé . Des éthers de glycol que l’on trouve également dans les dégraissants et liquide vaisselles…

Que fait la police (de la santé) ??

Mais pourquoi les autorités nous laissent-elles prendre le risque de nous empoisonner à petit feu ?

D’abord parce que l’interdiction de toutes ces molécules aurait un coût extravagant.

Le formaldéhyde (pour ne parler que de lui), est une substance dont raffolent les industriels car il est extrêmement efficace, facile à utiliser et… bon marché. S’ils devaient s’en priver totalement, le prix de beaucoup de nos produits et équipements augmenterait brutalement !

L’autre problème est qu’il est toujours très difficile de prouver avec certitude la toxicité d’une substance chimique. En toute rigueur scientifique, il faudrait la faire ingérer pendant 40 ans à des cobayes et comparer leur état de santé à un autre groupe comparable. Inutile de préciser que cela ne se fera jamais, et tant mieux !

On doit donc se résoudre à faire confiance à des études forcément imparfaites : des tests sur des animaux, des observations sur des professions plus ou moins exposées, des extrapolations dans le temps…

La preuve ultime est toujours difficile à apporter, même lorsque tous les signaux d’alerte pointent dans la même direction. C’est ainsi qu’il a fallu des décennies pour admettre officiellement l’effet cancérigène du tabac et de l’amiante.

Dans le doute, les autorités de santé se contentent généralement de fixer de « seuils » minimums pour chaque poison manifeste. C’est mieux que rien, mais cela ne suffit pas.

Car une même personne est exposée à des dizaines de poison en même temps. C’est ce qu’on appelle « l’effet cocktail », dont les conséquences sont impossibles à anticiper ! Et je ne parle pas des nourrissons, infiniment plus vulnérables que les adultes et qui doivent être protégés au maximum.

Vous en êtes donc réduit à devoir vous informer et agir par vous-même. Voici ce que le principe de précaution et le bon sens suggèrent :

Mes 4 recommandations pour respirer chez soi en toute sérénité

Contre la pollution intérieure, il n’y a que deux solutions : retourner vivre dans une grotte, comme au paléolithique. Ou, un peu moins efficace, vider intégralement votre maison et n’y réinstaller que des meubles, fournitures et produits 100 % bio et naturels.

Non, je plaisante bien sûr. Il faut être réaliste… et fort heureusement, on peut réduire considérablement son exposition aux polluants par des mesures simples et peut coûteuses.

1. Aérez, aérez, aérez !

C’est tout bête, mais c’est de loin le geste le plus efficace pour vous protéger de tous les composés volatils emprisonnés dans votre foyer. Aérez tous les jours pendant au minimum 15 minutes, de préférence le matin tôt et le soir tard si vous habitez dans un centre ville pollué.

Aérez quand vous faite le ménage, la cuisine ou des travaux. Si vous faites du sport chez vous, aérez avant et pendant votre séance (car c’est le moment où vous respirez à pleins poumons).

Si possible, aérez vos meubles et fournitures à l’extérieur avant de les installer (surtout les meubles et jouets pour bébé !). Si vous avez un garage, laissez-les y « dégazer » pendant quelques semaines.

Pensez à nettoyez vos VMC (ventilations mécaniques contrôlées) si vous en avez, tous les trimestres, sans faute.

Ce n’est pas une obligation, mais si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté, vous pouvez vous procurer un purificateur d’air (avec filtre HEPA). En tout cas, ne comptez pas sur les plantes dites « dépolluantes » : verdir votre foyer est une excellente idée, mais totalement inutile pour vous protéger des fameux composés organiques volatils !

Et vérifiez le taux d’humidité de votre intérieur, car l’humidité accroît les émissions de formaldéhyde. Achetez un « hygromètre » et maintenez un taux d’humidité de 50 % maximum l’été et de 30 à 40 % l’hiver.

2. Prudence avec vos meubles

Prenez quelques minutes pour inspecter vos tapis, moquettes, matelas, canapés, contreplaqués et meubles contenant de la mousse. S’ils sont usés et que vous songiez à les remplacer, n’hésitez plus une seule seconde. S’ils datent d’avant 2004, ils risquent en plus de contenir et d’émettre les retardateurs de flamme les plus toxiques (les PBDE).

Lorsque vous achetez de nouveaux meubles (matelas, etc), demandez expressément au fabriquant leur teneur en formaldéhyde et retardateur de flamme. De façon générale, préférez dans vos achats les matières les moins inflammables comme la laine, le cuir et le coton.

Et parce que les polluants se concentrent dans la poussière, veillez à ce que votre aspirateur ait un filtre HEPA de type H13 à H14, surtout si vous avez de la moquette.

3. Faites le ménage avec des produits bio ou naturels

La bonne nouvelle, c’est que les nettoyants bio ne sont pas plus chers que les nettoyants classiques. Alors profitez-en, et débarrassez-vous vite de tous vos produits détergents, dégraissants et lave-vitres non bio.

Faites confiance aux labels reconnus, comme l’Écolabel européen (une petite fleur bleu et verte dont les douze pétales sont en étoile) ou le label NF Environnement. Parmi les marques fiables que l’on trouve un peu partout, je signale Rainett et L’arbre vert (je précise que je n’ai évidemment aucun lien d’intérêt :-)).

Et si vous avez le temps, faites comme vos grands-mères : fabriquez-vous même vos produits d’entretien en utilisant du vinaigre blanc, du savon noir, du bicarbonate de soude et des huiles essentielles. C’est assez simple, économique et leur efficacité est plutôt supérieure aux produits industriels !

4. Éliminez les polluants de votre organisme

Enfin, n’oubliez pas que votre organisme devra de toute façon éliminer une masse de polluants auxquels il ne peut échapper – à moins de vivre dans une grotte !

Et pour cela, rien de mieux que de consommer plus de végétaux, qui contiennent tous les nutriments protecteurs : antioxydants, détoxifiants (surtout les crucifères), anti-inflammatoires, etc. Ne lésinez pas sur les super aliments comme l’ail, l’oignon et le curcuma. Consommez du thé vert matcha, et des baies rouges et noires.

Pensez aussi à éliminer les polluants de votre organisme par l’activité sportive et la transpiration (une séance de sauna est aussi une excellente détox).

Voilà, vous pouvez respirez. Sereinement.

Sources :

[1] Wallace LA : Volatile Organic compounds. In Samet J. and Spengler J. Indoor Air Pollution. The Johns Hopkins University Press Baltimore 1991 : 252-72.

[2] Association Santé Environnement France, article « Pour un ménage sain »

[3] INRS, Le point des connaissances sur le formaldéhyde, janvier 2008

[4]Zhang L et al. Occupational exposure to formaldehyde, hematotoxicity and leukemia-specific chromosom, Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2010 Jan;19(1):80-8.

Cuny, J-M. Haguenoer, F. Grimaldi, Impact sanitaire du formaldéhyde : Air Pur N° 74 – 2008.

[5] Etude sur les lis bébés ASEF ASSO Octobre 2009

[6] Dodson RE, Perovich LJ, Covaci A, Van den Eede N, Ionas AC, Dirtu AC, Brody JG, Rudel RA. After the PBDE Phase-Out: A Broad Suite of Flame Retardants in Repeat House Dust Samples from California. Environ Sci Technol. 2012 Nov 28.

[7] Etude ANSES sur la dangerosité des retardateurs de flammes Sept 2014

[8] Zota AR, Aschengrau A, Rudel RA, Brody JG. Self-reported chemicals exposure, beliefs about disease causation, and risk of breast cancer in the Cape Cod Breast Cancer and Environment Study: a case-control study. Environ Health. 2010 Jul 20;9(1):40

[9] Etude INERIS : Activités domestiques et qualité de l’air intérieur : émissions, réactivité et produits secondaires Avril 2013

[10] A la demande de la Direction générale de la santé, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF) vient d’émettre un avis (du 7.11.02) proposant l’interdiction de certains éthers de glycol, notamment dans les peintures et vernis.

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