Peut-être trouvez-vous parfois que « j’exagère ».
Que je suis « trop sévère » vis-à-vis de la Ministre Agnès Buzyn.
Que je suis trop « négatif » sur notre système de santé.
Mais je vous promets que ce n’est pas le cas.
Au contraire : je suis probablement encore trop gentil.
La preuve avec le livre choc de Claude Pigement, Levothyrox, une scandaleuse négligence.
Claude Pigement est médecin gastro-entérologue… et surtout vice-président de l’Agence du Médicament (ANSM) de 2013 à 2018 !
On ne peut pas faire plus « respectable », plus « officiel ».
Eh bien ce médecin éminent confirme TOUT ce que je vous ai dit sur le scandale du Levothyrox…
…et va même encore plus loin que moi dans sa description de notre système devenu fou !
Il montre que dans cette affaire nos « autorités » ont cherché à étouffer le scandale plutôt que découvrir la vérité.
Vous allez voir, c’est édifiant :
De la femme de ménage à l’épouse de sénateur : personne n’a été épargné par le scandale du Levothyrox
Claude Pigement commence par donner un cas concret de victime du Levothryox.
Il s’agit d’Eliane, qui prenait depuis des années le Levothyrox, ancienne formule.
Début avril 2017, Eliane commence à prendre la nouvelle formule, sans le savoir.
Immédiatement, elle est victime de nausées.
Puis, ces nausées sont remplacées par des problèmes sérieux :
- une grande fatigue,
- des malaises,
- des transpirations,
- des sensations d’oppression,
- une perte de cheveux,
- des fourmillements et des jambes flageolantes
Et pourtant, de façon étonnante, son niveau d’hormone thyroïdienne (TSH) est resté normal.
Eliane va mal, mais ses médecins lui disent que « tout est normal » !
En mai 2018, elle décide enfin de reprendre l’ancienne formule du Levothyrox…
…et miracle : « presque par magie, tous ses symptômes disparaissent une semaine plus tard ».
Il faut savoir qu’Eliane est la femme du sénateur Yves Daudigny, spécialiste des questions de santé…
…mais cela ne l’a pas empêchée d’être victime du Levothyrox, comme des centaines de milliers de patients !
Mais dès le début du scandale, leur souffrance a été NIÉE.
Première réaction des médecins : Il n’y a pas de scandale du Levothyrox, c’est « dans votre tête »
Je précise que ce n’est pas moi qui le dis, mais bien Claude Pigement, cet ancien vice-président de l’Agence du Médicament.
Homme de bon sens, il sent dès le début qu’il se passe quelque chose de grave avec le Levothyrox.
Début septembre 2017, il y a déjà 5 000 effets indésirables déclarés officiellement… et une pétition qui dépasse les 170 000 signatures !
« Le nombre de signalements est trop important, dit alors Claude Pigement à ses collègues, il se passe quelque chose ».
Mais les « pontes » de son entourage font la sourde oreille : « tous pensent que la situation va gentiment rentrer dans l’ordre ».
Pour eux, c’est juste un problème de « transition » entre l’ancienne et la nouvelle formule.
De fait, les médicaments contre la thyroïde sont très sensibles au dosage. Un tout petit peu trop, ou pas tout à fait assez, et vos hormones thyroïdiennes sont déréglées.
Il est donc fréquent qu’il faille adapter les doses quand on passe d’une formule à une autre.
Mais dès le départ, la nouvelle formule du Levothyrox pose des problèmes inédits :
- Certains symptômes n’ont rien à voir avec un problème de thyroïde – comme les vertiges ;
- Et chez beaucoup de victimes, les hormones thyroïdiennes sont « normales » !
Il était donc clair que ce n’était pas seulement un problème de transition.
Et pourtant, les médecins ont d’abord déclaré que c’était « dans la tête » des patients.
Écoutez le cri du cœur de la célèbre actrice Annie Duperey, dès le 4 septembre :
« Je suis particulièrement révoltée lorsque j’ai lu des propos dans le style ‘tout changement est anxiogène…’ comme si nous étions des imbéciles influençables, des faibles d’esprit prêts à se faire des idées pour un rien. C’est insultant ».
Et le pire, c’est que beaucoup de médecins ont persisté dans cette attitude !
Malgré les rapports, les grands « pontes » parlent d’effet nocebo et non de scandale du Levothyrox !
Dès le 11 octobre, le premier rapport de l’ANSM confirme la gravité de la situation :
D’abord, le rapport parle de 15 000 signalements jusqu’à mi-septembre, dont 5 000 considérés comme « graves » – un nombre « inédit ».
Comme le dit Claude Pigement, s’il y a 15 000 signalements, cela veut dire qu’il y a encore beaucoup plus de victimes :
« Ces personnes assez informées et équipées pour aller jusqu’au signalement cachent forcément toutes celles qui n’ont pas d’accès au numérique ou qui ignorent entièrement que de tels dispositifs existent, ce qui est le cas d’une partie de la population que je reçois à la polyclinique d’Aubervilliers.
À ce phénomène s’ajoute aussi une sous-déclaration des effets indésirables par les médecins car ceux-ci, pour de bonnes ou mauvaises raisons, ne veulent pas s’encombrer d’une paperasse supplémentaire ».
Au total, pour Claude Pigement : « Ce chiffre de 15 000 paraît à la fois énorme, puisqu’il est inédit de l’aveu même des auteurs du rapport, et très en dessous de la réalité ».
Autre révélation du rapport : 44 % des victimes d’effets indésirables ont des niveaux normaux d’hormones thyroïdiennes (TSH).
La thèse de la « transition difficile » est donc indéfendable !
Comme l’explique Claude Pigement :
« Un mois plus tôt, Agnès Buzyn affirmait que ‘beaucoup de ces effets secondaires sont liés à la difficulté à redoser correctement le Levothyrox, mais ils s’estompent quand on arrive à bien doser le traitement’.
Désormais, toute cette explication s’effondre.
Une proportion proche de la moitié des malades souffrant de la nouvelle formule a une TSH absolument stable, et c’est incompréhensible.
Cette crise devient alors scientifiquement inexpliquée ».
Malheureusement, chez nos « grands pontes », scientifiquement inexpliqué veut dire… que c’est dans la tête des patients !
C’est ce que Claude Pigement raconte dans un chapitre sidérant nommé « l’offensive des sachants ».
Il cite une tribune sidérante, publiée dans le journal Le Monde par les plus grands experts des hormones en France (les « endocrinologues »).
Nous sommes le 29 décembre, et ces grands pontes évoquent leur « vraie frustration » face à cette crise « invraisemblable ».
Pour eux, la seule explication possible des effets indésirables du Levothyrox est « psychologique » :
« Nous pensons que les symptômes rapportés témoignent essentiellement d’un effet nocebo. Tout était réuni pour créer suspicion et angoisse ».
Ainsi, pour nos experts distingués, les patients se sont « monté le bourrichon » : ils ont entendu dans les médias que le médicament posait problème… et cela a suffi à provoquer chez eux des effets indésirables !
Évidemment, cette « explication » est invraisemblable.
Comme l’explique Claude Pigement, l’explosion des signalements a eu lieu avant que les médias n’en parlent !
« Il n’a donc pu y avoir aucun effet de panique lié à la caisse de résonance médiatique du sujet car, avant le 16 août, aucun quotidien, matinale, radio ou 20 heures n’avait évoqué le sujet.
L’effet nocebo ne peut pas correspondre non plus aux malades qui ressemblent à ma patiente octogénaire d’Aubervilliers, c’est-à-dire tous ceux qui échappent complètement au monde de l’information et qui ont ressenti des effets pervers sans même soupçonner le Levothyrox – dont ils ignoraient largement le changement de formule. »
Bref, l’explication de nos experts n’est pas seulement insultante pour les patients – elle est évidemment fausse.
Et pourtant comme le dit Claude Pigement :
« Ces personnalités ne sont pas n’importe qui dans le monde de la santé.
Ils sont les PU-PH, ces ‘professeurs des universités-praticiens hospitaliers’ qui constituent la crème de la crème de la médecine française’.
Les grands professeurs parisiens forment l’élite de l’élite car leur pouvoir est médical, mais aussi politique – ils ont souvent accès au pouvoir politique, de gauche comme de droite ».
Problème, ces grands « sachants » n’aiment pas les mystères médicaux : dès qu’un phénomène échappe à leur compréhension, ils font « comme si le problème n’existait pas ».
Plus grave : ces pontes sont les médecins les plus « arrosés » par l’argent de l’industrie pharmaceutique (je vous renvoie à ma lettre récente sur le sujet).
En l’occurrence, « trois des cinq cosignataires de la tribune ont déjà travaillé avec des laboratoires qui sont positionnés dans les pathologies de la thyroïde ».
Bref, par orgueil et par intérêt bien compris, ces « pontes » disent qu’il n’y a pas de problème.
« Cet aveuglement, qui s’enracine dans les rigidités psychologiques comme dans les liens d’intérêt s’est déjà observé dans le cas des pilules de troisième et quatrième génération, mais aussi pour le Mediator », rappelle Claude Pigement.
« Circulez, il n’a rien à voir », disent les grands Professeurs.
Et le pire, c’est que nos politiques et bureaucrates font la même chose :
L’Agence du Médicament cherche à étouffer la vérité sur le scandale du Levothyrox!
Je le répète : l’auteur du livre était vice-président de l’Agence du Médicament.
Il est donc aux premières loges pour révéler que l’Agence n’a rien fait pour chercher la vérité !
Nous sommes le 30 janvier 2018, et un nouveau rapport confirme l’étendue du problème.
On parle cette fois de « 10 décès » pour lesquels « on ne peut pas retenir ou exclure formellement le Levothyrox nouvelle formule ».
Surtout, le rapport révèle que la proportion de victimes qui ont des niveaux normaux d’hormones thyroïdiennes (TSH) est de 67 % – encore plus que les 44 % avancés initialement.
Bref, le « mystère médical » est confirmé, et il est donc urgent de faire des études poussées pour comprendre ce qui s’est passé.
Claude Pigement lui-même cherche à lancer une étude officielle, mais il est mis en minorité par les autres dirigeants de l’Agence du Médicament !
Résultat : aucune enquête n’est lancée.
« Agnès Buzyn reste silencieuse. L’Agence du Médicament aussi.
Ignorent-ils les conclusions des deux rapports de la pharmacovigilance parce qu’ils ne les ont pas lus, parce qu’ils craignent les éventuelles conséquences d’une enquête scientifique ? »
Plus grave encore : l’Agence du Médicament refuse de rendre public le rapport de 2012 qui avait servi de justification au lancement de la « nouvelle formule ».
Comme s’il y avait quelque chose à cacher dans cette histoire !
Pendant que nos autorités cherchent à étouffer la vérité, les associations de victimes, elles, remuent ciel et terre, avec leurs maigres moyens.
En mai, on apprend que le nouveau Levothryox contiendrait des nanoparticules – grâce à une étude lancée par l’association des malades de la thyroïde (AFTM).
Un mois plus tard, la même association dévoile une étude qui pointe la « présence anormale de dextrothyroxine » dans la nouvelle formule.
À chaque fois, le laboratoire Merck nie en bloc… et se voit conforté par le silence de nos autorités.
Il faut réaliser l’absurdité de la situation.
L’affaire du Levothyrox est une crise sanitaire grave, qui a défrayé la chronique… et nos autorités de santé restent les bras croisés, sans chercher à savoir ce qui s’est passé !
« Que des associations se substituent aux autorités compétentes pour réaliser des études trahit l’anomalie de la situation », explique Claude Pigement.
Pour couronner le tout, le laboratoire Merck fait tout pour cacher quand et comment a été fabriquée cette nouvelle formule.
Pour Claude Pigement, cela « renforce l’impression de cadavres encore cachés dans l’armoire », car cela « accrédite l’allégation selon laquelle l’industriel a fait modifier en secret la composition de la nouvelle formule pour en supprimer les effets pervers. »
Mais nos autorités continuent d’être complices !
Tenez-vous bien :
Le 4 septembre 2018, lorsque l’Agence du Médicament publie le document officiel « d’autorisation de mise sur le marché » de la nouvelle formule…
…elle se permet d’effacer des informations essentielles, notamment le lieu de production et le nom de l’entreprise qui fabrique la nouvelle formule !
« Le journal en ligne Les Jours affirme que l’agence a volontairement attendu l’entrée en vigueur de la loi sur le secret des affaires pour se donner le droit de caviarder ces informations.
Leur suppression rend impossible d’étudier la traçabilité du Levothyrox dans les pharmacies – associations et avocats cherchaient alors à connaître le lieu de fabrication de la nouvelle formule, avançant que celle-ci pourrait être faite à partir d’une substance active frelatée produite en Asie.
Une fois de plus, l’impression que les autorités utilisent le secret des affaires pour défendre le laboratoire est désastreuse ».
Et croyez-vous que le Parlement fait contrepoids à ce que cache notre Gouvernement ?
Pas du tout !
Certains députés et sénateurs courageux ont bien proposé de lancer une commission d’enquête parlementaire sur le Levothyrox… mais ils ont été mis en minorité par leurs collègues.
Résultat : on ne connaîtra sans doute jamais la vérité.
Le laboratoire Merck peut dormir tranquille.
L’Agence du Médicament aussi, elle qui a demandé cette « nouvelle formule » sans raison valable.
Quand je vous disais que je n’exagérais en rien la folie de notre système !