Laurent, 57 ans, sauvé grâce à l’agriculture BIO !

C’est une belle histoire, qui redonne le sourire.

Laurent Varillon est agriculteur depuis son plus jeune âge.

Sa petite ferme du Périgord, il l’a héritée de ses parents.

Depuis plusieurs générations, des vaches paissent tranquillement dans ses cinquante hectares de prés, entourés de forêts de chênes et de châtaigniers.

Plus tard, Laurent compte bien transmettre son terrain, ses bêtes et son savoir-faire à ses enfants, Delphine et Arthur, déjà très actifs à ses côtés.

Laurent est un producteur laitier. Dans les années 1990, il a aussi décidé de se « diversifier » en cultivant du maïs.

Tout ceci, avec des méthodes « conventionnelles », c’est à dire chimiques.

Mais un premier déclic a lieu en 2001.

Empoisonné, malgré un travail de forçat

Comme tant d’autres agriculteurs, il est victime d’un empoisonnement avec ses propres pesticides – un désherbant pour maïs.

C’est là, pour la première fois, qu’il envisage de se mettre au bio.

Mais le rythme effréné de la ferme lui laisse peu de temps pour faire le « grand saut ».

Tous les jours, il se lève à 6 heures et travaille sans relâche jusqu’à la nuit tombée.

Il lui arrive régulièrement de faire des « nocturnes », comme ces cadres parisiens « pressurisés » par leur employeur.

Pas pour boucler un dossier… mais pour mettre à bas une vache, par exemple (les veaux ne choisissent pas forcément de naître entre 9h et 17h !).

Même chose lorsqu’il doit faucher les foins : c’est une période pendant laquelle il dépasse allégrement son heure habituelle de coucher (22h).

Et n’imaginez pas qu’il puisse profiter de week-ends ou de jours fériés : qu’on soit le 1er janvier ou le 14 juillet, les vaches ne vont pas s’occuper d’elles-mêmes toutes seules !

Mais, à l’image de la plupart des agriculteurs, Laurent est stoïque :

« Je ne me plains pas. J’aime mon métier. Même si parfois, on aimerait souffler un peu ».[1]

Le vrai problème est ailleurs.

A deux doigts de la ruine

A partir de 2009, c’est la descente aux enfers financièrement.

Il n’arrive même plus à se verser un salaire.

Le peu qu’il gagne, il doit le dépenser immédiatement :

  • Dans l’alimentation de ses vaches ;
  • Dans les frais de vétérinaire ;
  • Dans les assurances sociales ;
  • Et dans les remboursements de crédit – il a été obligé d’emprunter pour mettre sa ferme « aux normes » réglementaires.

Heureusement que son épouse Sophie a une activité extérieure. Sinon, il n’aurait tout simplement plus été capable de nourrir sa propre famille.

Mathématiquement, cela ne passe pas : Lactalis (le géant mondial du lait, qui vend les briques de Lactel, mais aussi les camemberts Président, le roquefort SociétéBridélice…) lui achète son lait 29 centimes le kilo… alors que son coût de production est de 35 centimes.

Il n’a plus le choix : il se lance dans le projet qui lui trottait dans la tête depuis des années.

Une transition au bio réussie en deux ans !

Dès 2014, il entame la transition au « bio ».

Il ne  donne plus le moindre aliment industriel à ses vaches.

ll les nourrit mieux, les soigne mieux, il se met au 100 % « naturel ».

Avec ces nouvelles méthodes, il a l’impression de revivre : « je fais mon vrai métier, qui est d’observer les plantes et les animaux pour mieux nourrir les gens »

Et en mai 2016, ça y est, il obtient la certification bio !

Immédiatement, il quitte Lactalis et rejoint Biolait, une coopérative contrôlée par des éleveurs.

Là, il peut vendre son lait 48 centimes le kilo.

Pas de quoi rouler sur l’or, mais enfin de quoi vivre dignement de son travail !

En août 2017, il raconte son soulagement :

« Aujourd’hui, je ne travaille plus pour rien. Enfin, je parviens à sortir un salaire. Mieux, je suis en passe d’éponger toutes mes dettes. C’est grâce à la conversion vers l’agriculture bio que notre exploitation a été sauvée ».[2]

C’est une histoire qui finit bien, et qui devrait en inspirer d’autres !

Le vrai « coupable » de la crise des éleveurs

Face à la « crise des éleveurs », il est de bon ton d’accuser « le système » ou la « grande distribution ».

C’est vrai que les acteurs du système industriel sont peu reluisants. Comme le dit Laurent Varillon lui-même :

« Dans l’agriculture, les banques, les industries chimiques et les grands groupes agro-industriels sont tenus par quelques mains dans un état d’esprit un peu mafieux. C’est ce système qui a promu l’agriculture conventionnelle et chimique ».

En effet, mais il ne faut pas oublier une chose.

Le vrai responsable de cette situation, en fin de compte, sera toujours le consommateur, c’est à dire vous et moi.

Ce sont les consommateurs qui ont tiré les prix vers le bas, acceptant de renoncer à la « qualité » pour économiser sur leur budget « nourriture ».

Si tout le monde exigeait de la qualité, les industriels seraient obligés de se plier à cette volonté.

Le problème est que cela signifie qu’il faut payer plus cher pour avoir de meilleurs produits.

Si Laurent arrive à vivre aujourd’hui, c’est parce qu’il vend son lait bio à un prix nettement plus élevé que le lait conventionnel.

Derrière la crise des éleveurs, il y a donc un profond changement de mentalité à réaliser.

Si vous trouvez normal de payer 1 euro le litre de lait dans le supermarché à côté de chez vous, ne vous étonnez pas qu’il contienne des pesticides et des antibiotiques.

C’est la même chose pour les viandes, les œufs, les fruits et les légumes ! La qualité se paie !

La vrai « conversion » ou « transition » ne doit pas se faire seulement dans les champs, mais dans les têtes !

Soit vous avez du temps, et vous pouvez obtenir des prix raisonnables en vous rendant directement chez le petit producteur (et en cuisinant tout de A à Z).

Soit vous profitez de la simplicité offerte par les commerçants, et vous devez payer plus cher pour avoir de la qualité.

C’est plus facile à dire qu’à faire, évidemment, surtout quand on a déjà du mal à boucler les fins de mois.

Mais je pense que pour 90 % des gens, il s’agit d’abord d’une question de choix.

On s’est habitué à « économiser » énormément sur l’alimentation. Mais il faut inverser les priorités : ce que vous avalez, ce que vous mettez dans votre propre corps devrait être ce qu’il y a de plus important au monde !

Beaucoup plus important que n’importe quel ustensile, vêtement ou sortie !

Et c’est aussi un investissement rentable à long terme : pensez à ce que vous économiserez en frais de santé en savourant de bons produits !

Ce n’est pas (que) moi qui le dit, mais le plus éminent nutritionniste au monde, le Professeur Willet de l’Université de Harvard :

« Des changements modérés dans le mode de vie et l’alimentation permettaient de prévenir 80% des maladies cardiovasculaires et 90% des diabètes de type 2. La majorité des cancers colorectaux peuvent également être prévenus grâce à l’alimentation et le mode de vie ».[3]

On pourrait ajouter l’arthrose, Alzheimer, Parkinson et tant d’autres maladies.

Alors, ne pensez-vous pas que manger sain et bio mérite de faire un petit effort financier ?

Si vous me lisez, c’est probablement que vous en êtes déjà convaincu… mais pensez aux autres, et n’hésitez pas à leur transmettre ce petit message, ou à le partager sur Facebook !

Sources

55 commentaires

gastornis 1 décembre 2017 - 9 h 40 min

Bonjour, Entendu chez le coiffeur.
Le lait bio? une fermière raconte: « chez moi le camion de ramassage ramasse toutes les fermes dans sa tournée, bio ou pas. Donc les laits sont mélangés. Pensée vous sérieusement qu’un camion bio va se déplacer rien que pour une ferme? »
Bonne journée.

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Odile AUCLAIR 31 août 2017 - 21 h 56 min

Merci pour cette « belle histoire qui redonne le sourire », mais une remarque quand même concernant la conversion réussie en 2 ans… il y a quelques années en arrière, la conversion en bio se faisait sur 7 années !! Ça donne à réfléchir à l’évolution de la notion de « bio » et des normes.
Depuis 30 ans que je pratique la consommation du bio, je vois la tête des fruits et légumes bio ressembler de plus en plus à des tronches de fruits et légumes de supermarché. Aspect mais goût également. Le bio commence à m’inquiéter… !

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BELLIARD Thierry 31 août 2017 - 9 h 19 min

Bonjour. Je suis président de mon association de jardinage « Jardiniers en pays d’Auge » 14100. Je jardine au naturel, et ma charte est le respect de la planète (Zéro pesticide) pour mes + de 250 adhérents. Nous complétons avec des produits de maraîchage Bio, magasin Bio, et santé de médecine douce au naturel. J’organise des sorties natures pour expliquer les vertus des plantes sauvages, et leur utilité…J’essaie d’amener mes adhérents à être encore plus en phase avec la nature, mieux la connaître, et mieux la comprendre car sans les plantes ni les animaux l’homme de serait rien!!
Il faudrait bien faire comprendre cela! Et toute notre santé, dépend déjà de ce que nous mangeons. Manger sain, local, et naturel est un gage de santé.
Qu’on se le dise!! Je reste disponible pour ceux qui souhaitent nous rejoindre en Pays d’Auge 14100.

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Françoise Marie 28 août 2017 - 21 h 24 min

Bonsoir ! J’ai lu avec attention et intérêt votre lettre sur « le manger bio », je suis d’accord avec vous bien sûr, et ce depuis longtemps, mais comme vous le dites, ce n’est pas si simple. Pour ma part, nous n’avons que le smic pour vivre, mes trois enfants encore à charge mais plus considérés comme tels, étudiants ou en attente d’un emploi, je veux cuisiner bon pour la santé mais au final j’achète en grande suface et je sais que ce n’est pas sain. Malgré tout je m’efforce de préparer des crudités en entrée, presque à tous les repas, puis vient le tour d’un filet de poisson ou d’un peu de viande (chère aussi!) et d’un légume et d’un féculent… cette façon de cuisiner, j’arrive à la suivre en début de mois mais à la fin c’est une autre histoire. Quand mon mari travaillait dans une grande surface qu’il a quittée à présent, il nous portait assez souvent des plats cuisinés que son patron lui donnait, je n’aimais pas car j’aime cuisiner, mais je n’aime pas jeter par contre donc nous les consommions. Résultat : prise de poids (pourtant sans exagérer) et diabète de type 2 à 52 ans. Depuis le printemps en faisant le choix de privilégier les légumes en lieu et place des pâtes et des plats cuisinés, j’ai perdu 8 kilos ce qui prouve que la nourriture plus saine est forcément meilleure pour la santé, mais c’est très difficile de s’y tenir financièrement. Manger bio oui mais c’est vraiment cher pour un revenu comme le nôtre, même si pour le producteur c’est normal de faire en sorte qu’il puisse vivre de son métier… De plus jai appris récemment par une personne employée chez Limagrain, que le bio c’est du mensonge dans la plupart des cas, apparemment certains producteurs se permettraient d’arroser leur culture avec des pesticides en pleine nuit. Je n’ai pas de preuves bien sûr de ce qu’il m’a affirmé, mais je n’ai pas de raison de douter de lui non plus le connaissant depuis son enfance… Cela met du doute dans cette formule qu’est le « bio » et qu’on utilise à toutes les sauces. Le seul bio que je connaisse vraiment quant à moi, c’est celui de mes herbes sauvages dans mon jardin, l’amarante, l’ortie, le plantain, qui sont aussi des herbes nourricières et au moins là je suis sûre qu’elles n’ont reçues aucun produit chimique si ce n’est parfois la patte levée de mon chien… Et pour continuer de parler alimentation, je discutais récemment avec un producteur d’oeufs qui se trouve être également administrateur régional d’une banque, et avec qui je devisais sur la mauvaise chose qu’est la vente de produits « top budget » à des populations pauvres car ce sont des produits néfastes pour la santé et je ne trouve pas cela normal. Il m’a répondu en bon « agent des banques » que c’est normal que les grandes surfaces et donc l’industrie agro-alimentaire, nourrissent tout un pan de la société avec des aliments de mauvaises qualités, ce qui évidemment conduit souvent à l’obésité, et aux maladies que l’on sait aujourd’hui. Il trouvait cela parfaitement normal et me tenait tête afin que j’abonde dans son sens, ce que je ne fis point !!! Il ne faut pas oublier de plus que c’est avec ces produits-là que les grandes surfaces s’enrichissent le plus. Je le tiens de source sûre et je trouve cela honteux ! Où est la moralité chez ces gens-là ??? Je souhaite que les producteurs puissent vivre de leur travail en continuant le bio dans le respect de leur sol, de leurs produits et de leur clientèle. Cordialement, Françoise Marie.

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Turc Irène 28 août 2017 - 9 h 04 min

Bonjour Joly, je suis ok avec vous, je suis allée chez Botanic près de chez moi, ils ont fait une épicerie bio, les pêches étaient à plus de 8 € le Kg, les tomates à presque 6 € les amandes qui étaient il y a deux ans à 11€ et des poussières se vendent 29 € et des poussières dans un autre magasin bio et un peu partout à quelques euros près, , tout est hors de prix en bio, on se pose des questions à combien sont achetés les fruits, les légumes, les oeufs et tous les produits , bios aux agriculteurs et aux éleveurs, ou alors tous les revendeurs se font des marges inacceptables en multipliants les prix d’achats par XXX % – et comme il n’y a pas un gros débit les fruits et légumes ne sont pas frais … sur le marché les petits producteurs, qu’on nomme chez nous des paysans, vendent leurs produits hors de prix, samedi le kg de poireaux se vendait en direct 3,50 € le kg sans garantie qu’ils soient réellement bio, les noix se vendaient 9,90 € en directe, ills font environ 10 km pour venir sur le marché, ils ne jouent pas jeu, il faut avoir des salaires de ministres , pour manger bio , ça devient une mode qui est hors de prix, la majorité de la population est au Smic , les loyers sont de plus en plus élevés et les charges aussi, – encore une fois bien manger est réservé aux riches ou à ceux qui en ont les moyens hélas, – les mentalités sont toutes prêtes à changer, qui refuserait de manger comme autrefois de bons produits pour la santé ???? c’est à mon avis des marges trop importantes qui met un frein — cordialement

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