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C’est une belle histoire, qui redonne le sourire.

Laurent Varillon est agriculteur depuis son plus jeune âge.

Sa petite ferme du Périgord, il l’a héritée de ses parents.

Depuis plusieurs générations, des vaches paissent tranquillement dans ses cinquante hectares de prés, entourés de forêts de chênes et de châtaigniers.

Plus tard, Laurent compte bien transmettre son terrain, ses bêtes et son savoir-faire à ses enfants, Delphine et Arthur, déjà très actifs à ses côtés.

Laurent est un producteur laitier. Dans les années 1990, il a aussi décidé de se « diversifier » en cultivant du maïs.

Tout ceci, avec des méthodes « conventionnelles », c’est à dire chimiques.

Mais un premier déclic a lieu en 2001.

Empoisonné, malgré un travail de forçat

Comme tant d’autres agriculteurs, il est victime d’un empoisonnement avec ses propres pesticides – un désherbant pour maïs.

C’est là, pour la première fois, qu’il envisage de se mettre au bio.

Mais le rythme effréné de la ferme lui laisse peu de temps pour faire le « grand saut ».

Tous les jours, il se lève à 6 heures et travaille sans relâche jusqu’à la nuit tombée.

Il lui arrive régulièrement de faire des « nocturnes », comme ces cadres parisiens « pressurisés » par leur employeur.

Pas pour boucler un dossier… mais pour mettre à bas une vache, par exemple (les veaux ne choisissent pas forcément de naître entre 9h et 17h !).

Même chose lorsqu’il doit faucher les foins : c’est une période pendant laquelle il dépasse allégrement son heure habituelle de coucher (22h).

Et n’imaginez pas qu’il puisse profiter de week-ends ou de jours fériés : qu’on soit le 1er janvier ou le 14 juillet, les vaches ne vont pas s’occuper d’elles-mêmes toutes seules !

Mais, à l’image de la plupart des agriculteurs, Laurent est stoïque :

« Je ne me plains pas. J’aime mon métier. Même si parfois, on aimerait souffler un peu ».[1]

Le vrai problème est ailleurs.

A deux doigts de la ruine

A partir de 2009, c’est la descente aux enfers financièrement.

Il n’arrive même plus à se verser un salaire.

Le peu qu’il gagne, il doit le dépenser immédiatement :

  • Dans l’alimentation de ses vaches ;
  • Dans les frais de vétérinaire ;
  • Dans les assurances sociales ;
  • Et dans les remboursements de crédit – il a été obligé d’emprunter pour mettre sa ferme « aux normes » réglementaires.

Heureusement que son épouse Sophie a une activité extérieure. Sinon, il n’aurait tout simplement plus été capable de nourrir sa propre famille.

Mathématiquement, cela ne passe pas : Lactalis (le géant mondial du lait, qui vend les briques de Lactel, mais aussi les camemberts Président, le roquefort SociétéBridélice…) lui achète son lait 29 centimes le kilo… alors que son coût de production est de 35 centimes.

Il n’a plus le choix : il se lance dans le projet qui lui trottait dans la tête depuis des années.

Une transition au bio réussie en deux ans !

Dès 2014, il entame la transition au « bio ».

Il ne  donne plus le moindre aliment industriel à ses vaches.

ll les nourrit mieux, les soigne mieux, il se met au 100 % « naturel ».

Avec ces nouvelles méthodes, il a l’impression de revivre : « je fais mon vrai métier, qui est d’observer les plantes et les animaux pour mieux nourrir les gens »

Et en mai 2016, ça y est, il obtient la certification bio !

Immédiatement, il quitte Lactalis et rejoint Biolait, une coopérative contrôlée par des éleveurs.

Là, il peut vendre son lait 48 centimes le kilo.

Pas de quoi rouler sur l’or, mais enfin de quoi vivre dignement de son travail !

En août 2017, il raconte son soulagement :

« Aujourd’hui, je ne travaille plus pour rien. Enfin, je parviens à sortir un salaire. Mieux, je suis en passe d’éponger toutes mes dettes. C’est grâce à la conversion vers l’agriculture bio que notre exploitation a été sauvée ».[2]

C’est une histoire qui finit bien, et qui devrait en inspirer d’autres !

Le vrai « coupable » de la crise des éleveurs

Face à la « crise des éleveurs », il est de bon ton d’accuser « le système » ou la « grande distribution ».

C’est vrai que les acteurs du système industriel sont peu reluisants. Comme le dit Laurent Varillon lui-même :

« Dans l’agriculture, les banques, les industries chimiques et les grands groupes agro-industriels sont tenus par quelques mains dans un état d’esprit un peu mafieux. C’est ce système qui a promu l’agriculture conventionnelle et chimique ».

En effet, mais il ne faut pas oublier une chose.

Le vrai responsable de cette situation, en fin de compte, sera toujours le consommateur, c’est à dire vous et moi.

Ce sont les consommateurs qui ont tiré les prix vers le bas, acceptant de renoncer à la « qualité » pour économiser sur leur budget « nourriture ».

Si tout le monde exigeait de la qualité, les industriels seraient obligés de se plier à cette volonté.

Le problème est que cela signifie qu’il faut payer plus cher pour avoir de meilleurs produits.

Si Laurent arrive à vivre aujourd’hui, c’est parce qu’il vend son lait bio à un prix nettement plus élevé que le lait conventionnel.

Derrière la crise des éleveurs, il y a donc un profond changement de mentalité à réaliser.

Si vous trouvez normal de payer 1 euro le litre de lait dans le supermarché à côté de chez vous, ne vous étonnez pas qu’il contienne des pesticides et des antibiotiques.

C’est la même chose pour les viandes, les œufs, les fruits et les légumes ! La qualité se paie !

La vrai « conversion » ou « transition » ne doit pas se faire seulement dans les champs, mais dans les têtes !

Soit vous avez du temps, et vous pouvez obtenir des prix raisonnables en vous rendant directement chez le petit producteur (et en cuisinant tout de A à Z).

Soit vous profitez de la simplicité offerte par les commerçants, et vous devez payer plus cher pour avoir de la qualité.

C’est plus facile à dire qu’à faire, évidemment, surtout quand on a déjà du mal à boucler les fins de mois.

Mais je pense que pour 90 % des gens, il s’agit d’abord d’une question de choix.

On s’est habitué à « économiser » énormément sur l’alimentation. Mais il faut inverser les priorités : ce que vous avalez, ce que vous mettez dans votre propre corps devrait être ce qu’il y a de plus important au monde !

Beaucoup plus important que n’importe quel ustensile, vêtement ou sortie !

Et c’est aussi un investissement rentable à long terme : pensez à ce que vous économiserez en frais de santé en savourant de bons produits !

Ce n’est pas (que) moi qui le dit, mais le plus éminent nutritionniste au monde, le Professeur Willet de l’Université de Harvard :

« Des changements modérés dans le mode de vie et l’alimentation permettaient de prévenir 80% des maladies cardiovasculaires et 90% des diabètes de type 2. La majorité des cancers colorectaux peuvent également être prévenus grâce à l’alimentation et le mode de vie ».[3]

On pourrait ajouter l’arthrose, Alzheimer, Parkinson et tant d’autres maladies.

Alors, ne pensez-vous pas que manger sain et bio mérite de faire un petit effort financier ?

Si vous me lisez, c’est probablement que vous en êtes déjà convaincu… mais pensez aux autres, et n’hésitez pas à leur transmettre ce petit message, ou à le partager sur Facebook !

55 commentaires

  • Houriez André dit :

    excellente leçon de morale élémentaire, les consommateurs ont un pouvoir qui est négligé

  • Moy dit :

    Et oui à la campagne ou j ai été élevée on a jamais connu toutes ses merdes alimentaires en granules ….pour nourrir les bêtes c était tout au naturel cochons taupinembours pommes de terre cuites farine de céréales mélangées du moulin petit lait pris au laitier le matin ….!!! Et tous les jours c était propre ….!!!! L on m a dit un cochon mange ses excréments celui qui me la dit hier est un nul ignorant nos cochons étaient toujours très propres …. on en tuait deux a l année et des veaux idem bien élevés sous la mère ….
    Moi j ai connu la vraie crème bien épaisse prévenue sur les bidons de lait pour nos besoins .. mélangée à de la confiture ou avec du chocolat râpé dessus succulus les tartines de 16h
    Nous étions 7 enfants jamais malades ….on bossait à la ferme …mais que de souvenirs ….
    Les purins étaient ependus sur les terres ….il en faisait aussi de ….fougères choux etc …. du naturel oui ….!!!! Du vrai la viande avait une autre couleur et saveur … nos jambons enveloppes enduits d un savant mélanges d épices puis enveloppe comme une momie dans du sel ou arrosé au vinaigre ….. ensuite le jambon était suspendu à la poutre et l on a en mangeait des tranches épaisses comme les doigts ….
    Poêle ou nature c était succulus …. une tranche de jambon de pays poêlée le matin nature ou poêlée avec des œufs on pouvait attendre 10 h pour s enfiler un vrai café …..des vrais endouilles faites avec l estomac du cochon et son gros intestin plus les assaisonnements on ne pouvait pas en faire beaucoup car c est le gros intestin qui servait de poche …. et il est plus court que le petit intestin qui servait pour les boudins …. pas de boyaux artificiels comme ici quand on veut en faire …!!!!
    Et je pourrais dire aussi le gavage au mais pur que du mais etc …. lapins nourrisson que du le naturel ….!!!
    Pour éviter la maladie de la mixomatose pour les lapins pas de produits chimiques …. jamais ….quand je vois ici ou autour de moi je suis dégoûtée …. manger mieux avec moins c est tout pour équilibrer et je ne suis pas riche pourtant mais c est un choix …..colette …..

  • AUBIN dit :

    Bonjour, je suis handicapée à + 80 %, je perçois 990 e, mon fils handicapé vit avec moi, il ne peut s’assumer financièrement, la curatelle a été un vrai désastre, j’ai un crédit sur le dos de 100 e tous les mois, 200 e pour mes frais de santé magnétisme, phytotherapie.
    200 e de loyer donc, pas possible d’acheter bio, ni de m’abonner à des revues santé naturelles !!!
    Et beaucoup perçoivent un très petit salaire et le RSA…le bio c’est pour ceux qui gagnent 2000 e au minimum….
    Cordialement
    Sylviane AUBIN

  • Robert Moreau dit :

    Que de bon sens : le bio est une la solution idéale pour éviter les conséquences désastreuses de la malbouffe chimique et bourrée de sucres raffinés, graisses saturées en abondance, etc… Pour ce qui est du prix, ceux qui vous disent que c’est trop cher se payent la plupart du temps le dernier modèle de smartphone, ou de voiture 4×4 très énergivore, etc… et le tout à crédit. Perso, j’ai un vieux portable qui a presque 10 ans et ma bagnole a 20 ans, consomme 5L/100Km, moins qu’un 4×4 neuf, et je vais au magasin bio en payant le prix qui n’est pas beaucoup plus cher dans la majorité des cas que dans les grandes surfaces ! Il vaut mieux augmenter son budget alimentation de 20%, la santé – elle – s’améliore de 100%.

  • Ségelle Alain dit :

    ayant perdu mon emploi à 59 ans, c’est néanmoins en continuant à consommer plus sainement bio que j’économise le plus en ayant éliminé toute chimie & médicament. Le pas a été difficile mais je ne le regrette point!
    Le Bio c’est notre seul avenir (et encore il faut traquer les faux ou pseudo-bios dans les linéaires).
    Bachiquement bio; A.S.

  • ducassé guy dit :

    Bonjour,
    J’ai été ravi de lire cette lettre , je quotionne à 100 % ,je suis agriculteur bio depuis 10 ans et fier de l’être , libéré de la chimie inutile, dangereuse et ruineuse, la santé économique de ma ferme c’est nettement améliorée ;alors que j’ entend gindre les conventionnels .
    Tout le problème est éducatif , on a fait réduire le budget alimentation au consommateurs ,par le jeu des prix bas , des produits transformes et édulcorés ; il faut réapprendre à consommer non traité ,tracé ,bio et de proximité , accorder plus de temps et de plaisir à bien se nourrir .
    Transférer une partie du budget , belle berline ,téléphone dernier cri et autre matérialisme au profit d’une alimentation de qualité pour préserver sa santé . Se rappeler que le matérialisme c’est acheter des choses que l’on n’a pas besoin , avec de l’argent que l’on n’a pas ,pour impressionner des gens qui n’en ont rien à foutre …
    Si le bon vin éloigne le médecin , c’est bien plus efficace s’il est bio , et c’est pareil pour tout ce qui garni nos assiettes.
    compliments pour votre lettre .
    cordialement
    guy

  • lainlain771 dit :

    l’objectif n°1 c’est protéger notre planète qui part en vrille et qui ne peut plus assurer le consumérisme humain à partir du 2 août de cette année….alors que encore une majorité prône le consumérisme manipulée par les lobbys de l’argent et croissance roi….à part quelques réactions ponctuelles comme celle que vous publiez,l’humanité globale n’aura pas assez réfléchie avant les catastrophes annoncées

  • Bironneau dit :

    Du bio je ne mange que ca depuis qu’un médecin lors d’une cure pour de l’arthrose m’avait conseillé le livre du Dr Jean Seignalet « L’alimentation ou la 3e médecine ». J’ai un jardin et aucun produit chimique, ni entre. Depuis je ne vois plus mon médecin…. Et cela depuis des années. Vos conseils aussi me sont précieux, je lis avec beaucoup d’attentions les revues mensuelles « Santé Corps Esprit » que je gardent précieusement… Merci à Laurent en souhaitant que d’autres comme lui franchissent le pas…. Merci à vous.

  • NUGUES dit :

    manger bio, c’est prendre soin de sa santé et de celle de la planète, c’est aussi manger moins tout en consommant des aliments-plaisir qui ont du goût, et c’est inciter les agriculteurs et les producteurs locaux à se reconvertir dans le bio, au bénéfice de leur santé et de celle des consommateurs de plus en plus avertis…. et le business des aliments traités chimiquement devrait ainsi faire faillite ! non à la mondialisation aveugle qui veut nous imposer son diktat ! pareil pour Big Pharma qui veut imposer ses vaccins pollués et ses médicaments chimiques ! il est inadmissible que des aides à la reconversion et des subventions et prêts sans intérêt ne soient pas alloués pour la reconversion dans le BIO souhaitée par la majorité des français !

  • Florence dit :

    Félicitations à tous !!! Avec l’article de Xavier Bazin et tous les commentaires ci-dessus, le tour du problème est fait de façon rapide et convaincante !!
    Oui, il faut se nourrir sainement, soutenir ceux qui cultivent et élèvent sainement, et malheureusement constater, comme le dit si bien Emel, que nous sommes tributaires de notre mode de gouvernement mondialiste qui entrave nos bons choix !
    Et si on le peut, il faut réagir, comme mes frères ont tenté de le faire, en remontant une petite exploitation de montagne en Auvergne, et en tâchant de continuer la tradition de la Fourme d’Ambert. Ils écoulent toute leur production de 8 tonnes par an : à la ferme, et sur un seul marché proche. Il y a les contraintes d’un climat continental, à une altitude de 1200 m, mais c’est une belle vie, dans un cadre merveilleux. Une vie bien rude quand même certes, avec si peu de répit, comme le dit Laurent Vaurillon !
    Merci encore à tous ! c’est réconfortant de constater que beaucoup savent encore « penser » de façon cohérente !

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