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Le jour où ma femme a accouché, sa température est montée à 38 degrés.

Cela faisait près de 20 heures que la poche des eaux s’était rompue.

Elle n’avait pas dormi une seconde depuis 40 heures.

Et elle avait fait l’essentiel du travail sans le moindre anti-douleur.

Pas étonnant que son corps « s’échauffe » un peu, à l’approche de la délivrance !

Et pourtant, le premier réflexe de son médecin gynécologue a été…

…de vouloir lui injecter du paracétamol (Doliprane) !

Je m’y suis opposé, poliment mais fermement.

Et quelques minutes plus tard, notre magnifique bébé est apparu, en pleine santé.

Je n’ai jamais compris cette manie de vouloir faire « baisser la fièvre ».

Aujourd’hui, on rigole des médecins de Molière, de leurs « purges » et saignées.

Mais l’obsession médicale de baisser la fièvre à tout prix est au moins aussi absurde !

Et le pire, c’est que nos tous petits en sont les premières victimes :

En faisant baisser la fièvre : des bébés plongent à 34 degrés !!

Prenez-ce qui est arrivé récemment à ce nourrisson de 4 mois.

Son histoire a été rapportée dans un journal médical, Archives de Pédiatrie[1] et cela fait froid dans le dos (c’est le cas de le dire !).

Ce pauvre bébé venait de se faire injecter 7 vaccins, quand sa fièvre est montée à 39 degrés.

Sa mère lui a donné du paracétamol – ce que recommandent tous les médecins (ou presque).

Une heure après, le bébé ne réagit plus. Il est sans réaction, absent.

Sa température a chuté à 36°, largement sous la température normale de 37°.

La mère court aux Urgences, où le bébé finit par se réchauffer.

Mais quelques jours plus tard, rebelote ! La fièvre du bébé remonte à 39°.

Et à nouveau, sa mère lui donne du paracétamol.

Cette fois, la température du bébé descend à 34,8°, un froid glaciaire pour le corps humain !

Heureusement, il finit par se réchauffer aux Urgences, une fois encore.

Mais cette affaire a mis la puce à l’oreille des médecins.

Et après enquête, ils ont découvert que ce n’était pas un cas unique !

Ils ont trouvé d’autres cas d’hypothermie (température trop basse) chez des enfants après paracétamol… dont un cas à 34,3 degrés !

« Des doses thérapeutiques de paracétamol peuvent exceptionnellement provoquer une hypothermie chez des enfants fébriles », concluent les auteurs.

Mais savez-vous ce qui est le plus invraisemblable dans cette affaire ?

C’est qu’il est inutile et dangereux de faire baisser une fièvre à 39 degrés !

Même la Haute Autorité de Santé dit que faire baisser la fièvre est inutile !

C’est du bon sens : la fièvre est une réaction naturelle du corps, qui a donc une utilité.

Cela paraît évident, mais comme 98 % des médecins pensent le contraire, je tiens à citer la Haute Autorité de Santé, qui a rendu un rapport en 2016 :

 « La fièvre peut avoir un effet bénéfique lors d’infections invasives sévères et il a été observé que des infections graves non fébriles (sans fièvre) étaient associées à une augmentation de la mortalité.

Par ailleurs, quelques publications indiquent que l’utilisation d’antipyrétiques (médicaments qui font baisser la fièvre) pourrait retarder la guérison de certaines infections virales. »

Donc, la fièvre pourrait accélérer la guérison !

Mais ce n’est pas tout.

La terreur (légitime) des parents, ce sont les convulsions causées par la fièvre.

C’est souvent pour éviter le risque de convulsions qu’on donne des médicaments pour la faire baisser.

Et pourtant… Voici ce que dit la Haute Autorité de Santé :

« Il n’existe pas de données en faveur d’un effet préventif du traitement antipyrétique sur la survenue de ces convulsions en climat fébrile ».

Traduction : les médicaments contre la fièvre ne permettent pas d’éviter les convulsions.

C’est un énorme pavé dans la marre, passé trop inaperçu !

Conclusion de la Haute Autorité :

               « Au total, il faut souligner :

· que la fièvre n’est qu’un symptôme ;

· qu’elle n’entraîne que très rarement des complications et qu’il n’existe pas de traitement préventif des convulsions.

Il n’y a donc pas lieu de la craindre spécifiquement. »

Et elle enfonce le clou :

« La recherche de l’apyrexie (absence de fièvre) ne constitue pas un objectif en soi et ne doit pas conduire à des traitements systématiques ».

On ne peut pas être plus clair !

Malheureusement, la HAS ajoute aussi un paragraphe malheureux.

Comme il ne faut pas désespérer Sanofi (le laboratoire qui fabrique le Doliprane), la HAS écrit que les médicaments contre la fièvre peuvent malgré tout se justifier…

…pour des raisons de confort !

Pour moi, c’est invraisemblable d’écrire cela :

  • Car tous les médicaments contre la fièvre ont des effets indésirables qui peuvent être très graves (je vous renvoie à ma lettre sur le paracétamol) ;
  • Et surtout, car la fièvre est utile à la guérison, et parfois même indispensable !

Avec les médicaments, vous avez peut-être un peu de confort sur le coup…

…mais vous risquez de guérir moins vite… ou même d’avoir une infection plus grave !

C’est du simple bon sens.

Augmenter la température corporelle demande énormément d’énergie : il est clair que votre corps ne fabrique pas la fièvre pour le plaisir, surtout quand il est malade !

On dirait qu’il faut avoir fait 10 ans de médecine pour ne pas comprendre que la fièvre doit forcément servir à quelque chose !

Heureusement, cela commence à changer.

Écoutez l’un des experts les plus reconnus sur l’utilité de faire baisser la fièvre

Cela fait des lustres que les médecins « alternatifs », les homéopathes ou les naturopathes savent que la fièvre est utile à la guérison.

Mais c’est un des plus grands experts de l’establishment qui vient de le dire haut et fort.

Ce médecin, le Dr Paul Offit, a écrit une tribune particulièrement claire[2], avec ce titre et sous-titre :

               Les arguments pour laisser la fièvre tranquille

De nombreuses études ces dernières années ont montré que prendre des médicaments pour faire baisser la fièvre nuit à la capacité du corps à surmonter une maladie

Cela, on le sait depuis les années 1970, au moins.

A l’époque, des chercheurs ont injecté une bactérie à des lézards, provoquant une infection.

Puis ils ont placé les lézards dans trois salles différentes :

  • Une salle à 38 degrés (la température normale du lézard)
  • Une salle à 40 degrés (l’équivalent d’une faible fièvre)
  • Et une salle à 42 degrés (l’équivalent d’une forte fièvre).

Je rappelle que les lézards sont des animaux à sang froid, ce qui fait que la température de leur corps s’adapte à la température externe.

Résultat :

A température normale, 75 % des lézards sont morts.

Avec la « faible fièvre », 33 % des lézards sont morts.

Avec la forte fièvre, 0 % des lézards sont morts.

Cette expérience a été confirmée sur des poissons, des souris, des lapins et des chiens.

A chaque fois, quand on a empêché des animaux d’avoir de la fièvre, ils ont eu plus de risques de souffrir ou de mourir.

De même, chez les êtres humains, des études récentes ont montré que les médicaments anti-fièvre :

  • allongent la durée de l’infection à la salmonelle[3] ;
  • prolongent les symptômes de la grippe[4] ;
  • retardent la résolution des symptômes de la varicelle[5]
  • prolongent la durée des rhumes (rhinovirus) et en aggravent les symptômes[6] ;

C’est d’ailleurs tout à fait logique quand on sait qu’à haute température, les cellules de notre système immunitaire fonctionnent mieux – surtout celles spécialisées pour tuer les virus et bactéries !

Et comme si tout cela ne suffisait pas…

…figurez-vous que baisser la fièvre pose aussi un problème collectif[7] !

Quand vous avez une forte fièvre, vous vous reposez et ne sortez pas de chez vous.

Mais quand vous la baissez artificiellement, vous vous sentez mieux, et vous pouvez donc aller travailler ou sortir voir des amis.

Résultat : vous avez plus de risques de contaminer votre entourage !

Ce qu’il faut faire à la place de vouloir faire baisser sa fièvre

Au final, voici ce que recommande la Haute Autorité de Santé, en dehors des médicaments :

· boire fréquemment ;

· ne pas trop couvrir l’enfant ;

· aérer la pièce.

De mon point de vue, il n’y a rien d’autre à faire – enfant comme adulte.

Bien sûr, si la température dépasse les 40 degrés, vous devez consulter sans attendre.

Non pas qu’il est urgent de faire baisser cette fièvre… mais c’est le signe que vous avez peut-être une infection très grave, qui pourrait justifier un traitement médical.

Mais n’oubliez pas qu’une fièvre supérieure à 40 degrés est souvent liée à :

  • une chambre surchauffée (il faut la maintenir à 20 degrés) ;
  • ou un habillement excessif.

Dernière chose : il est normal de ne pas avoir faim en cas de fièvre, et il ne faut surtout pas se forcer à manger sous prétexte de « prendre des forces ».

Écoutez votre corps, et s’il vous demande de jeûner, respectez-le, c’est lui qui a raison !

Et dans tous les cas : reposez-vous, c’est ce qu’il y a de plus important à faire en cas d’infection.

PS : au moment où je m’apprêtais à mettre un point final à cette lettre, je tombe sur un documentaire incroyable de l’ORTF, qui date de 1973.

Il faut regarder cette vidéo disponible sur les archives de l’INA, à partir de la minute 12.

Dr André Lwoff, directeur de l’Institut Pasteur et Prix Nobel de médecine (excusez du peu), vous montre un tableau très simple :

tableau temperature

Il s’agit de lapins ayant été infectés d’un virus dangereux et soumis à des températures corporelles différentes.

  • A 38°, 92 % des lapins sont morts
  • A 39°, 63 % des lapins sont morts
  • A 40°, 30 % des lapins sont morts

Le journaliste s’exclame : « c’est très extraordinaire » !

Puis le Dr Lwoff explique ce qui arrive à des cellules cultivées in vitro, infectées par le virus de la poliomyélite :

  • A 37°, le poliovirus se multiplie à toute vitesse : 10 millions de particules virales
  • A 40°, le virus est inhibé : 20 000 particules virales seulement, soit 500 fois moins !

Le Dr Lwoff montre ensuite des résultats similaires avec des souris : 100 % de mortalité par la polio à 38°, mais 40 % seulement à 39,5°.

« Mais, dit le journaliste, cela va à l’inverse des idées reçues, puisqu’on parle souvent d’abaisser la température pour guérir des maladies ».

Et la, le Prix Nobel français fait cette réponse extraordinaire :

« Oui, on y a cru à une époque. Mais je crois que les médecins commencent à le savoir, d’ailleurs le bon sens populaire l’a découvert depuis longtemps, quand un malade avait une infection, on le mettait sous des édredons et lui faisait boire beaucoup de tisane pour augmenter sa température ».

Pauvre Dr Lwoff, que dirait-il s’il savait qu’aujourd’hui, 50 ans après, les médecins font toujours baisser la fièvre, sans réfléchir !

Et savez-vous pourquoi ?

Indice : le paracétamol représente 6,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires au niveau mondial.

Sources :

[1] Agier MS, Chollet N, Bediou E, Boyer Gervoise M, Jonville-Bera AP. Transient major hypothermia associated with acetaminophen: A pediatric case report and literature review. Arch Pediatr. 2019 Sep;26(6):358-360.

[2] https://www.thedailybeast.com/why-you-should-let-fevers-run-their-course

[3] https://adc.bmj.com/content/67/4/531

[4] https://accpjournals.onlinelibrary.wiley.com/phco.20.19.1417.34865

[5] https://www.sciencedirect.com/article/S0022347689804615

[6] http://www.medicinabiomolecular.com.br/biblioteca/Doencas

[7] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3906934

15 commentaires

  • Banon dit :

    Nos grand-mère savaient : édredons et gros plumons, tisanes de thym et romarin sucrées au miel et diète… (ce que je fais encore aujourd’hui, je suis Provençale et les plantes aromatiques poussent dans nos garrigues !) Adepte de l’homéopathie et de l’aromathérapie, le médecin me “sert”juste pour le diagnostic…
    Bien à vous
    Mimi

  • Fongond dit :

    Kinésithérapeute formée à la naturopathie, je suis tout à fait OK avec cette vision de la fièvre et avec son utilité, ce qui est bien évidemment confirmé par des études anciennes que vous avez citées. Concernant les méthodes de confort pour l’enfant et surtout de prévention des convulsions, il y en a une très simple Qui n’a pas été citée :rafraîchir la tête de l’enfant quand la température commence à monter très fort Avec un gant trempé dans l’eau très froide que l’on pose sur le crâne et le front. Cela est très efficace et n’empêche pas le corps de faire son travail face a l’infection.

  • Denis Jacques dit :

    Pratiquant l’hygiène naturelle depuis plus de 45 années, j’ai bien apprécié la véracité de la majorité des propos, toutefois il y a quelques notions incorrectes que je développe ci-après :
    Les recommandations de l’HAS ne sont pas toutes correctes, il est plus indiqué de suivre la procédure suivante.
    Il faut boire des boissons chaudes, aliter l’enfant et bien le couvrir, bien aérer la chambre. Ces trois conditions permettent le développement de la transpiration seul et unique moyen naturel pour faire baisser la fièvre sans compromettre la guérison. Ne pas nourrir le malade tant qu’il n’en émet pas le besoin.
    Les essais sur animaux sont révélateurs, mais l’auteur de l’expérience ne semble pas en connaître la vraie raison, ou tout au moins il ne la communique pas. En réalité ce qui sauve les cobayes de la mortalité c’est leur capacité à transpirer facilement. Plus la température sera élevée plus la sudation sera importante et c’est justement la sudation qui fait tomber la fièvre et écarte le risque de mortalité! Il en résulte qu’en cas de fièvre il convient toujours de la combattre mais uniquement en provoquant la transpiration, soit par des boissons chaudes, ou idéalement par des bains de sudation à la vapeur (sauna), suivi d’un repos alité bien couvert . Les cabines de sudation par infrarouge ne sont pas indiquées et même dangereuses en cas de fièvre ! Les bains de vapeurs peuvent faire chuter la température corporelle en 10 à 15 minutes (la transpiration par ce moyen naturel élimine énormément de toxines et libère le corps de la maladie en développement).

    • Banon dit :

      Absolument ! 100% d’accord !
      Mimi

    • Je confirme les assertions de M. Denis concernant les “remèdes de grands-mères” afin de provoquer la sudation d’une personne fiévreuse : mes grands parents, nés tous deux en 1895, me rapportaient que dans les campagnes (Dauphiné, Aveyron …) les personnes atteintes de fièvre (on ne savait pas trop en comprendre les raisons !) avaient coutume de se sur-vêtir et d’aller courir le plus longtemps possible (dans la mesure où leur état le permettait) afin de transpirer au maximum. Et ensuite, sous l’édredon, pour continuer la sudation, avec tisanes pour réhydrater.

  • Silvia Laudier dit :

    Je suis très intéressé par vos lettres, j’ai 78 ans je me soigne avec les plantes, je fais mon jardin, du yoga, du thai-chi et de la natation, merci pour vos conseils Silvia Laudier

  • Elisabeth Giordano dit :

    Je me souviens de ma fille de quatre ans qui se met à avoir de la fièvre, le soir, elle a 40°. Aucun symptôme, juste très abattue, elle qui est toujours très vive fini par s’endormir calmement. Je lui fais boire juste un peu d’eau. Le lendemain matin, après une bonne nuit où je l’ai quand même surveillée, elle a 36°5, et dort encore une bonne partie de la journée. Deux jours après tout est normal ! Combien de parents auraient appelé de médecin qui aurait fait baisser la fièvre ?
    Ah oui, aussi ! Aucuns vaccins, jamais d’antibiotiques et jamais malade…

  • Jacques Chevrier dit :

    Du temps de ma grand-mère on nous faisait transpirer au maximum (couvertures,bouillotte et un grog bien tassé pour nous faire dormir au chaud. En général,les draps et les pyjamas étaient bons à changer ensuite mais au réveil, la grippe coule rhume en avait pris un grand coup derrière les oreilles ! Il est évident que je continue cette médication (j’ai 87 ans).chevrier

  • dominique Torres dit :

    Bonjour!
    Finalement la fin de votre lettre vient contredire ce que vous recommandiez précédemment… Alors qu’est-il mieux de faire… ?
    maintenir la chambre à 20°… ne pas trop se couvrir… ou boire des tisanes chaudes et se mettre bien au chaud sous la couette ?
    Merci pour votre aide…

  • Clavreuil dit :

    Effectivement vous n avez jamais vu votre enfant faire des convulsions et dire qu elles ne sont pas dues à la fièvre est une belle ânerie

  • LADEBAT Jean-Guy dit :

    Super ! Merci pour cette lettre …
    le bourrage de crâne “médico-merdico-officiel” est un bien plus grand fléau pour la santé que toutes ses affections bénignes réunies !!
    Mais voilà les cours de bon-sens n’existent ni au collège ni à l’université !
    Sans doute un concept à creuser … des profs de bon-sens …???!!! ? « Papa ! Mon prof de bon-sens m’a appris ce matin en cours que pour Maman , je pouvais être quasi sûr , qu’elle , elle était bien ma Maman !! » ?

  • Claudia Renau dit :

    Merci pour vos articles si intéressants.
    Quand mes enfants étaient petits j’étais arrivée à la même conclusion (puis expérience), aidée par ce livre passionnant de Robert Mendelsohn, “Des enfants sains même sans médecin” (le titre anglais est mieux : healthy children in spite of your doctor), déjà un peu ancien il y a 10 ans : https://www.fichier-pdf.fr/2012/07/27/mendelsohn-des-enfants-sains-meme-sans-medecin/

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