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Cher(e) ami(e) de la santé,

En mai 2019, Bal Gill, une Anglaise de 41 ans, visite l’une des attractions phare d’Edimbourg : la Camera Obscura World of illusion.

La visite est ludique et l’amuse beaucoup.

Jusqu’à ce qu’elle rentre dans la salle des caméras thermiques.

Elle voit alors son image s’afficher sur les écrans.

Stupeur : son sein gauche présente une tache rouge que son sein droit n’a pas.

Elle prend même une photo que voici :

De retour chez elle, elle fait des recherches.

Elle sent que quelque chose n’est pas normal.

Un peu inquiète, elle se rend chez son médecin qui lui confirme ce qu’elle suspectait :

>> elle a bien un cancer du sein, mais à un stade précoce. <<

Elle venait de faire l’expérience de :

La thermographie, fiable dans 90 % des cas (80 % pour la mammo !)

La thermographie est une image médicale qui permet de détecter les différences de température à la surface du corps.

Là où il y a une tumeur, les cellules cancéreuses se multiplient et ce mouvement augmente la chaleur dans cette zone.

La zone en question apparaît donc plus contrastée par rapport aux autres, souvent en rouge (chaud) et les autres en bleu (froid).

Le médecin compare ensuite les images de deux seins.

Cette technique est donc non invasive et pas douloureuse du tout : aucun rayon X n’est émis, aucun liquide n’est injecté, ni aucun sein pressé. C’est comme une photo !

Mais surtout, elle serait même plus fiable qu’une mammographie :

« Les résultats de la thermographie peuvent être meilleurs que ceux obtenus par la mammographie dans le cadre du dépistage et détecte aussi d’autres troubles dans la foulée [1] », explique Hugues Crépin, thermographe belge.

Mieux :

➡️ elle détecterait 90 % des cancers contre 80 % pour la mammographie,

➡️ les faux positifs (les lésions finalement non cancéreuses), seraient de 10 % contre 25 % avec les rayons X [2].

Autre avantage pour les femmes de moins de 40 ans :

à cause de la densité du tissu mammaire, les mammographies sont difficilement lisibles… (donc souvent faites pour rien [3])

… contrairement aux images par thermographie qui visualisent mieux les contrastes.

Enfin, cerise sur le gâteau, elle serait un bon outil pronostic :

Une asymétrie thermique anormale entre les deux seins correspondrait à un risque 10 fois plus important d’avoir un cancer du sein dans les 4 à 10 ans.

Même chose pour évaluer le potentiel de récidive après un premier cancer [4]

Pourtant, malgré tous ses atouts, elle est toujours très confidentielle en France !

Vous a-t-on déjà proposé autre chose qu’une mammographie ?

Non, il vous faudra aller en Belgique ou en Suisse où cet examen est couramment pratiqué !

À moins que…

Votre chien vous renifle la poitrine ! (Attention signal fort !)

Cela peut paraître saugrenu mais…

Dans les années 80, plusieurs patients ont raconté au Dr Hywel Williams, un dermatologue anglais, que leur chien reniflait… leurs grains de beauté.

Et devinez quoi : ils étaient… en réalité cancéreux [5] !

Il faut dire que les chiens sont des merveilles « olfactives », avec plus de 300 millions de cellules destinées à sentir (contre 5 millions chez l’homme).

Intrigué par tant de concordances, ce médecin a creusé cette piste et plusieurs études ont conforté son expérience de terrain. 

Une première étude, publiée dans le Lancet en 1989  [6], émet l’hypothèse très sérieuse que le cancer a une odeur singulière.

Il faut attendre 2017 pour qu’une infirmière audacieuse, Isabelle Fromantin, lance un projet incroyable : dresser des chiens pour dépister le cancer du sein, avec son remarquable projet K-Dog [7].

Bien dressé (comptez 3 à 6 mois), le chien est capable de détecter si un prélèvement mis sous sa truffe (une compresse imbibée de sueur) est cancéreux ou non.

Et les résultats sont stupéfiants : les chiens K-Dog ont réussi dans 90,7 % des cas (sur 450 échantillons) [8].

Là encore, il faut encore patienter avant que ce dispositif ne soit déployé à grande échelle.

Reste que le moyen le plus simple est l’autopalpation.

Et encore mieux… si vous fermez les yeux comme :

Ces femmes aveugles dépistent mieux les micro-tumeurs que les médecins voyants !

Cette fois, c’est un gynécologue allemand Dr Frank Hoffmann, qui a eu cette idée originale [9].

Il est parti du constat que les déficients visuels « compensent » avec d’autres sens.

Ce qu’il a vérifié avec des aveugles et des malvoyants : ils détectaient plus efficacement les micro-tumeurs des seins (6 à 8 mm) ! 

Alors que de nombreux médecins sans déficience passent parfois à côté de masses de 10 à 20 mm.

En 2010, le Dr Hoffmann convainc ses pairs qui valident la pertinence de son approche [10].

Il forme alors plusieurs femmes à Mülheim en Allemagne en tant qu’examinatrices médicales tactiles

Depuis cette méthode de dépistage non invasif et très peu coûteux, a fait florès : elle est pratiquée en Allemagne [11], en Suisse [12] et en Autriche, mais aussi en Inde [13] ou en Colombie [14].

En outre, les femmes ont moins de réticence à se rendre à ce rendez-vous, la pudeur étant parfois un frein au dépistage.

Avec ces trois exemples, vous vous posez certainement la même question que moi :

À quand la fin du monopole « mammo » ?

Vous l’avez compris : la mammographie n’est pas LA seule et unique méthode de dépistage du cancer du sein.

D’autres pays l’ont bien compris (contrairement à la France !).

Surtout, ils ont lu les études suédoises et canadiennes qui rappellent qu’une mammographie n’est jamais sans risque :

➡️ les cancers provoqués indirectement par les mammographies pourraient être responsables de 1 à 5 décès pour 100 000 patientes ayant fait un examen tous les 2 ans. 

➡️ surtout chez les femmes à large poitrine, chez qui les radiations sont 2 à 3 fois plus massives [15].

Et encore, je ne vous parle pas des conséquences dramatiques du sur-diagnostic.

Le problème de la recherche excessive des cancers le plus tôt possible, c’est que certains régressent spontanément, ou ne progressent pas !

Conclusion : même les méthodes peu risquées comme la thermographie doivent être utilisées avec modération.

Prenez bien soin de vous,

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