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Avez-vous déjà bu de la « fée verte » pour votre santé ?

Cher(e) ami(e),

À votre avis, qu’y a-t-il dans cette bouteille ?

Vous avez encore besoin d’un indice ?

Alors voici ce que disait Pline l’Ancien, naturaliste romain, de la plante qui compose cette liqueur :

« Elle resserre l’estomac, fait sortir la bile, est diurétique, amollit le ventre, le guérit si il est douloureux, chasse les vers et dissipe les faiblesses d’estomac.

Elle fait cesser le dégoût et aide à la digestion. »

Vous avez deviné ?

Je voudrais vous parler aujourd’hui d’absinthe !

C’est en buvant récemment[1] que j’ai eu envie d’explorer ses vertus thérapeutiques

… mais ce que j’ai découvert est en réalité un cas d’école de censure, manipulation et de lobbying !

Comment le lobby du rouge vous a privés de la fée verte !

Le mythique breuvage naît dans le Jura suisse, dans la région du Val-de-Travers, à la frontière avec la France.

Ce serait une guérisseuse suisse, Henriette Henriod, qui aurait transformé un élixir dépuratif en liqueur apéritive dans les années 1780 à 1790.

La pièce maîtresse : Artemisia absinthium, une plante médicinale de la grande famille des Armoises.

La recette en poche, Henri-Louis Pernod fonde une grande distillerie à Pontarlier en 1805… avec l’armée en ligne de mire.

Il faut dire que ce breuvage est censé lutter contre la dysenterie et le paludisme… et qu’en prime, elle pourrait même remonter le moral des soldats lors des expéditions napoléoniennes.

La recette fait florès : des distilleries d’absinthe poussent comme des champignons.

Bientôt, c’est le milieu artistique qui s’en empare, imité par tout le peuple.

Dans tous les cafés, à 17h, « c’est l’heure verte » !

En 40 ans, la consommation d’absinthe est multipliée par 52[2] !

Mais tout le monde ne voit pas d’un très bon œil ce succès fulgurant…

Cette plante médicinale sacrifiée sur l’autel du vin

Je ne parle évidemment pas seulement des médecins de santé publique, mais bien de l’industrie viticole…

Depuis que le phylloxéra a ravagé les vignes, le prix du vin a explosé.

Résultat, un verre d’absinthe coûte alors 5 fois moins cher qu’un verre de rouge[3]… 

L’ennemi est tout désigné : l’absinthe doit être mise à mort.

S’engage alors une campagne de désinformation sans précédent…

Ils créent une fausse maladie… pour mieux l’interdire

Avec l’aide de l’Académie de médecine[4], le lobby viticole invente une maladie de toute pièce : « l’absinthisme », qui serait différent de « l’alcoolisme ».

Selon leur « diagnostic », l’absinthe provoquerait des délires, des hallucinations, des convulsions, des crises de violences, voire des crimes.

Des chimistes procèdent à des expérimentations frauduleuses sur des cobayes : on leur administre des doses 10 fois plus élevées que celles d’une consommation ordinaire par un homme !

Et bien sûr, on se sert de faits divers[5] pour alimenter le mensonge.

Les scientifiques de l’époque[6] attribuent alors ce « vice » à la thuyone, une substance neurotoxique de la plante.

On le sait depuis, que la nocivité de l’absinthe était due plutôt à la grande quantité d’alcool (entre 45 et 85 % du volume), souvent de mauvaise qualité, ainsi qu’à l’huile essentielle de thuyone, plutôt qu’à la plante en elle-même[7] !

Le tout avec la bénédiction de l’État évidemment…

Les politiques ferment les yeux sur la propagande du lobby viticole qui organise des pétitions et de pseudo-enquêtes épidémiologiques.

Un grand meeting anti-absinthe est même organisé au Trocadéro :

La stratégie paie : l’absinthe est interdite en France en 1915, 7 ans après la Suisse.

Mais alors, quelle leçon tirer de cette histoire de gros sous[8]

Il ne faut évidemment pas jeter le bébé (la liqueur) avec l’eau du bain (la plante) !

L’absinthe est-elle vraiment sans sainteté pour votre santé ?

Point du tout, évidemment !

Sa qualité n°1 de cette belle plante, c’est la digestion

Et même les autorités de santé le reconnaissaient aujourd’hui officiellement[9]

La présence de substances amères, notamment les lactones sesquiterpéniques, stimule l’activité de l’estomac de façon réflexe qui sécrète alors plus de sucs digestifs. Le foie va lui, produire plus de bile.

En cas de constipation, troubles du transit, manque d’appétit ou même problèmes de vésicule biliaire, l’absinthe est donc toute indiquée.

Comment ? Contre la perte d’appétit, prenez donc une infusion 30 min avant le repas ; en cas de digestion difficile, une tasse après le repas. Maximum 3 tasses par jour.

Elle existe également sous forme homéopathique, notamment dans la spécialité Carominthe® du Laboratoire Lehning[10].

Le plus épatant, c’est qu’elle pourrait même devenir un traitement de choix contre la douloureuse maladie de Crohn :

40 patients atteints de Crohn ont participé à cette étude randomisée double aveugle, contre placebo, en Allemagne[11].

90 % des 20 patients qui prenaient l’absinthe (en poudre) ont connu une amélioration notable.

À la fin des 8 semaines, 13 étaient même en rémission – contre aucun dans le groupe placebo !

Les conclusions sont prometteuses : l’absinthe permet non seulement de baisser (et arrêter) les traitements stéroïdiens, tout en améliorant l’humeur et la qualité de vie des patients.

« Ce qui n’est pas obtenu par d’autres médicaments standard » ajoutent même les auteurs ! C’est dire… 

Car au-delà de ses propriétés digestives, l’absinthe est également analgésique et anti-inflammatoire !

Et c’est d’ailleurs pour cela que les chercheurs en cancérologie ont les yeux rivés sur l’absinthe, notamment sur :

Car cette plante serait capable de stopper la croissance des cellules cancéreuses tout en favorisant leur suicide[12] (apoptose).

Même potentiel prometteur contre le cancer du sein[13].

Autant dire que l’absinthe n’a pas dit son dernier mot !

Bien sûr, je ne vous recommande pas de boire 5 verres de fée verte par jour…

Mais une fois de temps en temps ne vous fera pas de mal !

Et surtout, pensez à sa forme médicinale, en tisane ou en gouttes, pour soulager votre sphère digestive !

Bonne santé,

Catherine Lesage

PS : On me demande souvent comment la boire sans grimacer… Je vous livre ici ma petite recette secrète : une larme d’absinthe dans un bon café noir. Un arôme puissant, une chaleur immédiate, et un effet digestif garanti !

Sources :

Sources
[1]
L’abus d’alcool est évidemment dangereux pour la santé… Mais je vous révèle à la fin de cette lettre la meilleure façon d’apprécier la « petite bleue » ou la « fée verte »…
[2] https://booksofdante.wordpress.com/tag/interdiction-de-labsinthe-et-lobby-viticole/
[3] https://magazine.hortus-focus.fr/blog/2019/08/12/lhistoire-de-labsinthe/
[4] https://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2014/09/pages-de-515-522.pdf
[5]Notamment l’affaire Lanfrey, ouvrier agricole suisse https://lesgeneralistes-csmf.fr/2016/03/11/histoire-labsinthe-de-plante-medicinale-a-boisson-sulfureuse/
[6] https://www.em-consulte.com/article/66022/l-absinthisme-la-faute-du-docteur-magnan
[7] Depuis 2005, les alcools à base d’absinthe sont de nouveau autorisés à la vente à condition de contenir moins de 35 mg de thuyone par litre – par précaution, car à hautes doses, la thuyone reste malgré tout neurotoxique.
[8] Pour davantage de détails historiques, lire l’excellent https://booksofdante.wordpress.com/tag/interdiction-de-labsinthe-et-lobby-viticole/
[9]https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/absinthe-artemisia-absinthium.html#:~:text=Une%20petite%20%C3%A9tude%20contr%C3%B4l%C3%A9e%20contre,traitement%20habituel%20de%20cette%20maladie).
[10] https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02459122v1/document
[11] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17240130/
[12] https://www.eurekalert.org/news-releases/1071754
[13] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22311047/

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