Skip to main content

Cela ne fait que 20 ans que cette méduse très particulière (Turritopsis nutricula) a été découverte.

Contrairement à certaines de ses congénères qui atteignent 6 mètres de long, cette méduse-là ne mesure que… 5 millimètres.

Mais du haut de son demi-centimètre, elle réussit un exploit qui paraissait biologiquement impossible : l’immortalité.

C’est le professeur Stefano Piraino, qui raconte comment tout a commencé :

« La découverte a été réalisée un peu par hasard. Un étudiant avait laissé une méduse sur son plan de travail pendant un week-end. En retournant au laboratoire le lundi, au lieu de trouver une méduse, il a trouvé le polype. » [1]

Un polype, c’est le premier stade de la vie chez certaines méduses – cela ressemble à un corail ou une anémone de mer.

La méduse Turritopsis nutricula avait donc rajeuni et était retourné à son état premier.

Et ce n’était pas un « accident » : c’est sa façon de vivre à elle… et elle répète ce petit numéro indéfiniment !

Au départ, elle vieillit normalement. Puis, à un stade comparable à celui de la ménopause, quelque chose se produit… et elle se met à rajeunir jusqu’à l’équivalent de la puberté !

Puis elle vieillit à nouveau… elle rajeunit encore… dans un cycle sans fin !

Cette méduse est tout simplement immortelle.

Bien sûr, elle n’est pas indestructible pour autant : elle peut être tuée par des prédateurs ou mourir de faim. Mais si les conditions le permettent, elle peut se régénérer sur un temps infini.

Inutile de vous dire que ce petit animal suscite la passion de très nombreux laboratoires de biologie à travers le monde !

Mais ce n’est pas le seul : cet autre animal fascine aussi les scientifiques :

L’hydre qui ne vieillit jamais

Contrairement à l’hydre monstrueux de la légende, celui dont je vous parle ici n’a qu’une seule tête… et ne mesure qu’un centimètre !

Mais comme dans le mythe, notre hydre est capable de faire repousser sa tête si on la coupe !

Comment ? Grâce à son stock de cellules souches, qu’elle a la capacité de réactiver quand elle veut.

C’est un phénomène extraordinaire, impossible chez l’être humain.

A la conception, nous sommes tous composés de deux cellules souches embryonnaires, puis 4, puis 6, jusqu’à 16 au maximum.

Ce sont ces cellules très particulières qui « créent » nos organes : notre cœur, nos os, nos poumons, notre cerveau, etc.

En grandissant, nous conservons certaines cellules souches, mais ce ne sont plus les mêmes : elles peuvent « réparer » une jambe écorchée, mais pas la faire repousser.

L’hydre, lui, est capable à tout moment de faire appel à ses cellules souches pour se régénérer ou reconstruire un organe.

Et ce n’est pas le moindre de ses exploits. Le résultat de son extraordinaire capacité à se régénérer, c’est qu’il ne vieillit pas !

Contrairement à notre méduse, il ne fait pas de « va-et-vient » entre vieillesse et jeunesse. Non, il se contente de rester jeune indéfiniment, grâce au renouvellement perpétuel de toutes ses cellules.

Enfin, c’est vrai pour certains types d’hydres, pas tous… et c’est une chance énorme pour les scientifiques, car ils pourront comparer les hydres qui restent jeunes éternellement à ceux qui vieillissent et meurent… et peut-être découvrir le secret de l’immortalité ?

Ces oursons d’eau indestructibles sont-ils des « extra-terrestres » ?


© Eye of Science/Science Source

Les tardigrades (surnommés « oursons d’eau ») sont un autre prodige de la nature.

Ils sont vraiment petits (un millimètre), mais ils ont bien une tête, un système nerveux, un corps et huit pattes… et on en trouve un peu partout sur notre planète.

Une chose est sûre : ce seront les derniers animaux à survivre si la bêtise humaine finit par rendre notre planète inhabitable.

Pourquoi ? Mais parce qu’ils sont tout simplement… indestructibles !

Ils peuvent survivre quelques jours à – 272 °… et plusieurs minutes à 151° !

Grâce à des chercheurs japonais, on a même appris récemment qu’ils peuvent « ressusciter » après 30 ans emprisonnés dans de la glace !

On le sait grâce à une expédition dans l’Antarctique menée en 1983. Les chercheurs ont recueilli des échantillons de mousse qu’ils ont placé au congélateur, à -20 °.

Dans cette mousse, il y avait deux tardigrades. Et lorsque les Japonais ont décidé de les « décongeler » en 2014, ils ont eu la belle surprise de les voir… se réveiller !

Ils les ont appelés « sleeping beauty », ou « belle au bois dormant », même si ce ne sont pas des canons de beauté. Et l’une des deux tardigrades a même pondu 19 œufs, dont 14 sont allés jusqu’à l’éclosion !

Encore plus fort : le tardigrade est aussi le seul animal connu à pouvoir survivre dans le vide spatial.

Une petite capsule russe contenant des tardigrades a été envoyée dans l’espace en 2007… et les braves tardigrades sont revenus vivants !

Un exploit qui a immédiatement nourri les théories les plus folles : et si les tardigrades étaient des « extra-terrestres », arrivés sur terre par des comètes ?

Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont réellement des super-pouvoirs.

Quand les mêmes chercheurs russes les ont bombardés d’ultraviolets, tous les tardigrades qui ont subi des UVA ont survécu ! Et même ceux soumis à des UVB ont été 20 % à s’en sortir vivant !

Et ce qui est très excitant d’un point de vue scientifique, c’est que des chercheurs japonais viennent de comprendre comment nos tardigrades résistent à ces radiations.

Grâce au séquençage de l’ADN des tardigrades, ils ont découvert une protéine très particulière, qui protège l’ADN des dommages des radiations.

Et cette protéine pourrait être très prometteuse pour les êtres humains : quand ils l’ont ajoutée à des cellules humaines, ils ont constaté que cela suffisait à réduire de 40 % les dommages causés par les radiations !

Là encore, ce sont de belles perspectives pour la recherche scientifique.

Le rat-taupe nu, nouveau Mathusalem

Le rat-taupe nu n’a peut-être pas de « super-pouvoir » aussi spectaculaire mais ses performances nous intéressent beaucoup plus directement.

Car c’est un mammifère, donc un animal très proche de nous biologiquement.

Ce qui en fait une espèce étonnante, c’est qu’il peut vivre jusqu’à 30 ans.

Cela ne vous paraît peut-être pas beaucoup, mais c’est à peu près 8 fois plus que ses congénères les rats, qui ne vivent que 3 à 5 ans.

C’est comme si une branche de l’espèce humaine pouvait vivre 600 ans !

Et le plus fort, c’est que le rat-taupe nu ne subit pas de déclin, et encore moins de décrépitude : il reste en pleine forme jusqu’à la fin de sa vie !

Il conserve de bons muscles et des os bien minéralisés. On ne trouve aucune trace d’Alzheimer ou de dégénérescence dans son cerveau, ni de plaque d’athérosclérose dans ses artères.

Ce n’est qu’à l’extrême fin de sa vie qu’il se dégrade brutalement et meurt.

Encore plus fascinant : il ne développe jamais de cancer (par comparaison, 70 % des rats et souris en captivité meurent du cancer !) [2]

Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé d’en déclencher… « Quand on lui implante des tumeurs cancéreuses, même agressives, il les rejette. Quand on l’expose à des cancérigènes chimiques, rien ne se passe », explique le Dr Saldmann.

Là encore, il y a du beau travail de recherche devant nous !

Encore quelques animaux qui nous étonnent

Je pourrais aussi vous parler de l’axolotl, une salamandre du Mexique qui reste jeune toute sa vie. Un peu comme l’hydre, l’axolotl a une exceptionnelle capacité de régénération : il peut recréer un œil manquant, ou même des parties de son cerveau si elles ont été détruites

Il y a également le mystère du sébaste à œil épineux. C’est une sorte de très gros rouget, qui peut mesurer jusqu’à un mètre de long…. Et qui a une espérance de vie de 205 ans ! Et lui aussi ne vieillit pas, ou quasiment pas. A 70 ans, la femelle garde même une excellente fécondité.

Enfin, il faut citer le requin du Groenland, car c’est le doyen des vertébrés ! Il vit dans des eaux froides et profondes, jusqu’à 2 000 mètres de profondeur.

Il ne se reproduit qu’à partir de l’âge de 150 ans… et peut vivre jusqu’à 400 ans !

Retour sur Terre

Toutes ces merveilles font réfléchir : et si la capacité à vivre des centaines d’années sans maladie était à portée de main ?

Et si l’immortalité n’était pas qu’un fantasme de science-fiction, mais un simple mécanisme cellulaire qui existe déjà dans la nature ?

Comme beaucoup de monde, je pensais que c’était totalement impossible… mais j’ai changé d’avis en faisant connaissance avec ces animaux extraordinaires.

En revanche, je reste convaincu d’une chose : c’est que ce n’est pas pour demain.

Il faudra des décennies, peut-être même des siècles avant qu’on ne puisse faire de réelles percées scientifiques, applicables à l’être humain.

Non, l’homme qui vivra 1 000 ans n’est pas déjà né.

Faut-il rappeler que, malgré toute sa technologie, notre médecine « moderne » reste

  • Totalement démunie contre Alzheimer ;
  • En échec depuis 40 ans contre le cancer ;
  • Incapable de guérir l’arthrose ou le diabète ;
  • Privée de moyens d’action contre le rétrécissement des artères ;
  • Impuissante face à des maladies comme l’autisme ;
  • etc.

Qu’a-t-elle à proposer aujourd’hui aux vieillards qui perdent la tête, qui deviennent sourds, qui ont mal partout, qui deviennent incontinents ou qui n’ont plus la force de se lever ?

L’espérance de vie des Français a même diminué en France en 2015, pour la première fois depuis des décennies !

Alors il vaut mieux redescendre sur terre… et ne pas trop compter sur les cellules souches ou les nanotechnologies pour vivre longtemps et en bonne santé.

Pour notre génération, il n’y aura pas de miracle : c’est en prenant le plus grand soin de notre corps et de notre esprit que nous aurons la chance de faire comme le rat-taupe nu : vivre jusqu’au bout en pleine forme.

Ce n’est pas l’immortalité, mais c’est déjà immense !

Sources :

[1] Cité par Christophe de Jaeger dans Longue Vie, Editions Thélémaque, 2015

[2] Jamais ? Pas tout à fait, puisqu’un individu de cette espèce l’a finalement attrapé tout récemment, mais cela reste rarissime ! https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cancer/les-rats-taupes-nus-aussi-attrapent-le-cancer_101200

36 commentaires

  • Pomel dit :

    Bonjour, j’ai eu le plaisir (partagé ?) de rencontrer en octobre dernier le professeur Joyeux à Aigle (nous en sommes deux !) dans le Valais (suisse). Dans sa conférence il avait évoqué la possibilité de vivre cent ans, je lui ai dit que je vise mille, de nombreux textes anciens évoquent ce sujet, alors que notre monde moderne (occidentalo-romain) brûle sa bibliothèque d’Alexandrie et s’installe dans la cendre. Pour mieux dégénérer.. La retraite me demande-t-on parfois ? Ni la r’traite ni l’arthrite ! C’est le meilleur déclic, cette notion d’arrêter, le meilleur moyen pour tomber dans la mort. Relisez « Etre jeune », de Mac Arthur

  • Christian dit :

    Mais nous sommes immortel en tant qu’esprit. Nous changeons de corps souvent pour évoluer. Les scientifiques découvrirons bientôt cet aspect de la vie, voir toutes les expériences de NDE.
    Nous faire vivre mille ans dans le même corps est une hérésie contre nature et une perte de temps et d’argent mais soignons le ce corps que nous avons pour vivre bien

  • michael cracknell, Tunis dit :

    Avant de parler d’immortalité, ou de dépenser des milliards de dollars pour savoir s’il y a la vie sur une planète située à 4 années lumière de la terre, il faudra résoudre les graves problèmes actuels de notre planète, comme le changement climatique et la répartition si inégale des ressources. Sinon, qui voudra vivre, même pour 75 ans, sur la planète vers laquelle nous semblons aller à la vitesse grand V?

  • Clea Guillemain dit :

    Bonjour & Merci pour votre lettre

    La nature recelle bien des mysteres.

    N oublions pas que l’être humain qui veut les percer pour en tirer profit le fait en général en imposant une souffrance innomable aux animaux, ce, dans la plus grande barbarie et indignité.

    Merci à vous de nous aider à prendre soin de notre santé. A nous ensuite, si nous le voulons, de prendre notre vie en mains en toute responsabilité.

    Et le moment venu accueillons la mort comme l ultime naissance de notre parcours terrestre !

    Vers un au delà, vers d autres dimensions…

    Sincèrement,

    Cléa

  • Gailhac dit :

    C’est passionnant. ça me fait penser au livre de Barjavel:  » Le grand secret » qui pose le problème de l’immortalité. Vaste sujet!

  • René Paulus dit :

    IL est plus que probable que lorsqu’un scientifique aura trouvé un petit moyen de prolonger un peu la vie des hommes, des financiers ou des commerçants vont tirer profit de cette découverte pour gagner encore plus d’argent. Il est même probable qu’ils le feront sans tenir compte de la santé des gens, comme cela a déjà été fait pour d’autres découvertes.

  • Ventre dit :

    C’est la pire des choses pour l’Humanité ! Où va-t-on nous mettre ? dans des élevages, entassées comme les poules ?
    NON, la mort est livrée dans le kit dès notre naissance et je suis sûr que cette dernière nous donne l’espérance en la vie alors que la vie éternelle nous donnerez sûrement l’envie de mourir.

  • Cressend dit :

    Vivre éternellement, non ; notre pauvre terre ne le supporterait pas, moi non plus d’ailleurs, par contre être en forme jusqu’à la fin de notre vie, ça c’est une meilleure idée..

  • maryse glineur dit :

    oui c est tres bien mais alors il faut trouver d autre planete pour y vivre car ou mettrons nous tout ces immortelles ou encore une fois ne serais ce que pour les riches si toutefois nous y arrivons ,mais comme vous dite ce n est pas por demain

  • LEROY Annette dit :

    De tous temps on cherche l’immortalité ! imaginez un peu si on l’avait trouvée : comment pourrions-nous vivre tous sur notre planète sachant qu’il N’Y A PAS DE PLACE POUR NOS ANCIENS -NULLE PART- on vient d’en faire la triste expérience !! alors pensez-vous que nos jeunes vont nous tolérer éternellement ???? on ferait mieux de s’occuper intelligemment des vivants actuels !!!

    • Ventre dit :

      Absolument d’accord avec vous. L’immortalité serait une hérésie pour la vie elle-même. Les Hommes ne deviendraient pas pour cela plus intelligents ; ils resteraient des conquérants invétérés et donc ils s’entretueraient pour avoir leur place dans ce monde devenu sûrement complétement parano.

Répondre à piazza michelle Annuler la réponse