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Si je vous souhaite un réveillon épicurien, peut-être allez-vous penser que je vous pousse à tous les excès.

Eh bien pas du tout !

Épicure est connu pour sa conception du bonheur, fondée sur le plaisir.

Mais il y a un énorme malentendu avec sa philosophie !

Tout vient d’une fausse rumeur, répandue par ses adversaires de l’époque.

Pour disqualifier Épicure, ses rivaux grecs ont fait croire que son école (le Jardin) était un lieu de jouissance et de luxure.

Mais ce n’est pas du tout ça !

« En fait, Épicure a conçu son Jardin (lieu beau et paisible) comme un espace de rencontres amicales où il faisait bon se réjouir ensemble et philosopher dans une atmosphère détendue, joyeuse, mais aussi écouter de la musique ou déguster des plats simples, toujours avec mesure », explique l’écrivain Frédéric Lenoir[1].

Voilà le genre de réveillon que je vous souhaite !

Épicure valorise le plaisir, mais surtout les plaisirs naturels et nécessaires.

Et quoi de plus naturel qu’un bon repas, partagé en bonne compagnie, dans une atmosphère joyeuse ?

Épicure rappelle que la nature est bien faite car les bonheurs simples sont faciles à obtenir…

…alors qu’il est compliqué d’obtenir des biens peu utiles comme la gloire, le pouvoir ou le luxe :

 « Grâces soient rendues à la bienheureuse Nature qui a fait que les choses difficiles à atteindre ne soient pas nécessaires », dit Épicure !

Pour lui, la vie heureuse est donc à portée de main !

Simplement, il faut éviter les excès et « laisser de côté de nombreux plaisirs quand il s’ensuit, pour nous, plus de désagréments ».

Autrement dit : régalez-vous bien, faites-vous plaisir au réveillon, mais faites attention aux excès que vous pourriez regretter !

Un autre secret d’une vie réussie – et d’un bon réveillon – c’est de s’efforcer de respirer la joie :

Ne culpabilisez pas, irradiez le monde de votre joie de vivre et de bonheur

Quand j’étais jeune, les moments de fêtes pouvaient me rendre mélancolique.

Je voyais tout le monde s’amuser, et mon cœur s’assombrissait en pensant à ceux qui n’avaient même pas la chance d’avoir un toit au-dessus de leur tête.

Mais c’était de ma part une erreur profonde.

Car ma mélancolie ne rendait service à personne, au contraire.

Écoutez ce que dit André Gide, dans les Nourritures terrestres :

« Il y a sur terre de telles immensités de misère, de détresse, de gêne et d’horreur, que l’homme heureux n’y peut songer sans prendre honte de son bonheur.

Et pourtant, ne peut rien pour le bonheur d’autrui celui qui ne sait pas être heureux lui-même.

Je sens en moi l’impérieuse obligation d’être heureux ».

De fait, le bonheur est contagieux – et à l’inverse, un convive qui « fait la tête » peut gâcher le plaisir des autres.

Voilà pourquoi, en toute circonstance, il faut s’efforcer de « libérer la joie enfouie dans notre cœur », selon la belle formule de Frédéric Lenoir.

C’est très bien de penser aux plus infortunés, mais cela doit nous conduire à redoubler de joie et de gratitude !

Quelle chance de pouvoir manger à notre faim, d’avoir une maison chauffée et d’être entouré par ceux que nous aimons !

Voilà qui est plus positif – et qui permet de répandre le bien autour de nous.

Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on est criblé de soucis.

La fable du savetier (cordonnier) et du financier : les plaisirs simples procurent du bonheur

Mais pour vous y aider, et en cette veille de Noël, je voudrais partager avec vous cette belle fable du grand La Fontaine :

Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :

           C’était merveilles de le voir, Merveilles de l’ouïr (…)

Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,

            Chantait peu, dormait moins encor.

            C’était un homme de finance.

Si sur le point du jour, parfois il sommeillait,

Le Savetier alors en chantant l’éveillait,

            Et le Financier se plaignait

            Que les soins de la Providence

N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,

            Comme le manger et le boire.

            En son hôtel il fait venir

Le Chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,

Que gagnez-vous par an ?  Par an ? Ma foi, monsieur,

            Dit avec un ton de rieur

Le gaillard Savetier, ce n’est point ma manière

De compter de la sorte ; et je n’entasse guère

          Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin

            J’attrape le bout de l’année :

            Chaque jour amène son pain.

 Et bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?

 Tantôt plus, tantôt moins (…)

Le Financier, riant de sa naïveté,

Lui dit : Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône.

Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,

            Pour vous en servir au besoin.

Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre

            Avait, depuis plus de cent ans

            Produit pour l’usage des gens.

Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre

            L’argent et sa joie à la fois.

            Plus de chant ; il perdit la voix

Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.

            Le sommeil quitta son logis,

            Il eut pour hôte les soucis,

            Les soupçons, les alarmes vaines.

Tout le jour il avait l’oeil au guet; et la nuit,

            Si quelque chat faisait du bruit,

Le chat prenait l’argent : à la fin le pauvre homme

S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus.

Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,

            Et reprenez vos cent écus.

Vous voyez : pour La Fontaine comme pour Épicure, les plaisirs qui rendent le plus heureux sont les plaisirs simples de la vie !

Mais encore faut-il en être conscient – et savoir savourer le moment présent.

Un dernier coup de pouce avec ce « mantra secret » pour partager votre bonheur

Il est vrai que cela demande un petit peu d’effort, car notre cerveau a une fâcheuse tendance à l’oublier :

 « Il est tellement facile de regarder sans voir, d’écouter sans entendre, de manger sans rien goûter, de ne pas sentir le parfum de la terre humide après une averse, et même de toucher les autres sans être conscient des émotions que l’on échange » (Pr Kabat Zinn)

Heureusement, il existe des exercices pratiques qui nous aident à revenir à l’essentiel, comme la méditation, le yoga ou la sophrologie.

Mais, en cette veille de Noël, je voudrais vous donner ici une astuce encore plus simple.

C’est le fameux « mantra secret », révélé par le philosophe Matthieu Ricard :

« Voici le mantra qu’un maître tibétain a recommandé. C’est le mantra le plus secret qu’on puisse imaginer, je me demande même si j’ai la permission de le partager avec vous.

Le voici : « je n’ai besoin de rien ».

Répétez-le dix fois de suite. Vous verrez, on se sent si bien ! »

Voilà de quoi aider à retrouver de la joie et de la gratitude…

…et d’illuminer les autres par notre bonne humeur !


Sources :

[1] Frédéric Lenoir, Du bonheur, un voyage philosophique.

33 commentaires

  • Anne-Lise dit :

    Parler en positif, remplacer:
    je n’ai besoin de rien
    par
    j’ai tout ce dont j’ai besoin

  • Sandrine MATHIEU dit :

    Merci Xavier pour vos souhaits de Noël et comme très souvent, je partage pleinement votre point de vue et votre vision de la vie. Quel plaisir de trouver des personnes comme vous qui ont le courage de dire leurs opinions ! Et surtout de revenir à la base de l’être humain et de la nature ! Très bonne et belle année 2020.

  • diane dit :

    je voudrai savoir ce que vous pensez du compteur linky ,on nous en a mis de force sans nous prevenir à tous dans notre lotissement.
    est ce mauvais pour la santé ? c’est que ça qui fit peur…..merci d’en parler.

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