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Comme chaque année, c’est reparti pour un tour avec « octobre rose ».

Tout est fait pour convaincre les femmes récalcitrantes d’aller faire une mammographie tous les deux ans, si elles ont entre 50 et 75 ans.

Un mois entier de propagande dans tous les médias et toutes les régions de France : un peu partout, on organise des fêtes, des animations, des randonnées[1], on recouvre la mairie de rose[2], etc.

Dans la petite commune de Brax, en Lot-et-Garonne, par exemple :

« Du 1er au 6 octobre, la commune s’habille de rose : rond-point de l’entrée du village, centre bourg et mairie. Fabrication et vente de magnets au profit du Comité féminin (4€). Cours de gym «Toutes en rose» organisé par le foyer des jeunes avec tombola. »[3]

Bien sûr, tout ça est plein de « bons sentiments » et chacun pense bien faire.

Des artisans jouent le jeu, comme cette boulangère de Laval qui a créé pour l’occasion « le ptit nichon », un biscuit en forme de sein[4] :

Même les lycéens sont sollicités, avec des séances de « sensibilisation » à l’hôpital[5].

Évidemment, les grandes marques, toujours à l’affût de marketing, s’engouffrent dans la brèche[6] :

  • La marque Camaïeu lance une gamme de T-shirts roses en coton bio ;
  • Birchbox lance un coffret spécial octobre rose, avec sa crème anti-âge ;
  • Même « engagement » pour Kusmi Tea ou la marque de lingerie Ma p’tite culotte.

Et puis, bien sûr, il y a les messages angoissants, rappelés sur toutes les antennes télé et radio :

Une femme sur huit risque de développer un cancer du sein.

54 000 nouveaux cas détectés en 2015.

12 000 morts du cancer du sein chaque année.

Tout cela, avec un seul objectif : inciter les femmes à se faire dépister.

Pour France 3, par exemple, les femmes qui ne font pas de mammographies systématiques sont des inconscientes :

« Le taux de survie est de 99 % à 5 ans lorsqu’il est détecté à un stade précoce, contre 26 % lorsqu’il est détecté à un stade avancé, ce qui plaide clairement en faveur du dépistage »

Je vais vous dire dans une seconde pourquoi ce chiffre est absurde.

Mais ce qui est intéressant, c’est que beaucoup de femmes ne sont pas dupes, fort heureusement !

Eh oui, malgré cet incroyable matraquage médiatique, les femmes se rebiffent :

« La participation des femmes au dépistage organisé baisse depuis quelques années, tombant même en dessous de 50 % en 2017 ».

De fait, les femmes ne se laissent pas culpabiliser aussi facilement…

…et elles ont bien raison !

Car la vérité n’est pas du tout celle qu’on vous sert sur tous les plateaux de télé !

La vérité sur l’intérêt du dépistage

Écoutez bien ce que dit le Dr Cécile Bour, médecin radiologiste :

« Si tous les petits cancers étaient destinés à devenir gros et mortels, un dépistage précoce aurait un intérêt.

Mais il y a différents cas de figure : il y a ceux qui resteront toujours petits et n’évolueront pas, ceux qui vont régresser spontanément, ceux qui vont progresser lentement et pour lesquels un traitement est nécessaire et enfin ceux qui connaissent une évolution fulgurante entre deux mammographies et sont fatals quoi qu’on fasse »[7].

Ce qu’on ne vous dit pas, c’est que la plupart des « cancers » détectés par le dépistage ne sont pas dangereux, ou pas urgents car :

  • certains régressent spontanément[8] ;
  • et d’autres ne grossissent pas, ou peu[9].

Résultat : le dépistage systématique conduit énormément de femmes à subir inutilement un diagnostic angoissant (« vous avez le cancer »), ou même des traitements lourds comme la chimiothérapie !

Au total, d’après les médecins les plus optimistes, il faudrait dépister 1 000 femmes de plus de 50 ans tous les ans, pour éviter un seul décès par cancer du sein[10][11].

Vous me direz qu’1 vie sur 1 000 de sauvée, c’est déjà très bien !

Mais n’oubliez pas que vous aurez aussi, sur ces 1 000 femmes :

  • 10 femmes environ traitées inutilement (y compris chimiothérapie et ablation du sein pour certaines[12] !)
  • Et 200 femmes environ qui auront le stress d’une fausse alerte… dont la moitié devront subir une biopsie !

Et surtout, « un décès par cancer du sein évité », cela ne veut pas dire « une vie sauvée ».

Car on peut mourir d’autre chose que d’un cancer du sein dépisté : d’autres cancers, par exemple… ou même des conséquences des traitements inutiles.

Au total, les études récentes ne trouvent aucun effet de la mammographie systématique sur la mortalité totale[13][14][15]!

Cela voudrait dire, tenez-vous bien, que le dépistage généralisé ne parvient même pas à sauver une seule vie !

Si vous ne me croyez pas, allez visiter le site très pédagogique  « Cancer Rose», un collectif de 7 médecins indépendants.

Comme ils le disent bien, le dépistage est une décision qui appartient à chaque femme.

Si vous ressentez un symptôme, n’attendez pas pour consulter.

Si vous êtes de nature très angoissée et que vous tenez à faire une mammographie de contrôle, faites-là.

Mais si vous vous sentez en pleine santé et que vous ne voyez pas l’intérêt d’aller subir des rayonnements nocifs…

…alors ne vous laissez pas culpabiliser par Octobre rose !

Car contre le cancer, le plus important, et de très loin, ce n’est pas le dépistage, c’est d’adopter un mode de vie sain !

Et c’est bien ce qui m’énerve le plus avec « Octobre rose » :

Ce qu’on « oublie » de vous dire pendant Octobre rose

On dépense des millions d’euros de « sensibilisation » en faveur du dépistage, alors qu’on pourrait utiliser tout cet argent pour rappeler, par exemple, que :

  • L’huile d’olive avec un régime méditerranéen, est associée à une réduction de 67 % du cancer du sein ;
  • Un taux optimal de vitamine D est lié à une diminution nette du risque de cancer du sein ;
  • Le manque de mélatonine (l’hormone du rythme jour-nuit) est cancérigène[16]… raison pour laquelle les femmes qui travaillent de nuit sont davantage frappées par le cancer du sein.

Et pourquoi ne pas parler, aussi, des déodorants à l’aluminium qui causent des cancers du sein[17] ?

Pourquoi ne pas dire aux femmes de ne pas abuser des produits laitiers, dont les hormones sont suspectées d’agir sur le cancer du sein (et de la prostate) ?

Pourquoi ne pas dire aux lycéennes que la pilule prise pendant trop longtemps augmente le risque de cancer du sein[18] ?

Vous voulez la réponse ?

Parce que ces recommandations pourraient faire perdre de l’argent à Big Pharma, à l’industrie des cosmétiques, à l’industrie laitière…

…bref, à tous ces « big business » qui décident en coulisse de ce qu’on vous dit dans les grands médias !

Alors ne soyez pas dupes, et informez-vous par des sources indépendantes sans conflit d’intérêts, comme ces courageux médecins de Cancer rose.

Sources :

[1] Octobre rose. Des randonneurs courageux sous la pluie, Octobre 2018, Le Télégramme

[2] La mairie aux couleurs d’Octobre rose, Octobre 2018, L’Est Républicain

[3] La commune se mobilise pour « Octobre rose », Octobre 2018, La Dépêche du Midi

[4] Octobre Rose : le “petit nichon”, une meringue en forme de sein, vendue pour la bonne cause à Laval, Germain Treille, Octobre 2018, France Bleu

[5] Octobre Rose : les Creusois n’ont pas le réflexe du dépistage, Simon De Faucompret, Octobre 2018, France Bleu

[6] Cinq achats solidaires pour soutenir Octobre rose, Sevin Rey, Septembre 2018, Le Figaro madame

[7] Cancer du sein : la pertinence du dépistage en question, Catherine Ducruet, Octobre 2017, Les Echos

[8] The Natural History of Invasive Breast Cancers Detected by Screening Mammography, Henrik Zahl, Jan Mæhlen, H. Gilbert Welch, November 2008, JAMA Network

[9] Prevalence of incidental breast cancer and precursor lesions in autopsy studies: a systematic review and meta-analysis, Elizabeth T. Thomas, Chris Del Mar, Paul Glasziou, Gordon Wright, Alexandra Barratt and Katy J. L. Bell, BMC Cancer

[10] Dépistage du cancer du sein par mammographie, Gøtzsche PC, Jørgensen KJ, Juin 2013, Cochrane

[11] Overdiagnosis and mammography screening, Welch HG, July 2009, BMJ, US National Library of Medicine

[12] Effectiveness of and overdiagnosis from mammography screening in the Netherlands: population based study, December 2007, BMJ

[13] Breast cancer mortality in organised mammography screening in Denmark: comparative study, Jørgensen KJ, Zahl PH, Gøtzsche PC, March 2010, BMJ, US National Library of Medicine

[14] Twenty five year follow-up for breast cancer incidence and mortality of the Canadian National Breast Screening Study: randomised screening trial, Anthony B Miller, January 2014, BMJ

[15] Effect of organised mammography screening on breast cancer mortality: A population‐based cohort study in Norway, Mette H. Møller, August 2018, Wiley Online Library

[16] Melatonin in the treatment of cancer: a systematic review of randomized controlled trials and meta-analysis, Mills E, Wu P, Seely D, Guyatt G, November 2005, Journal of pineal research, US National Library of Medicine

[17] Aluminium chloride promotes anchorage-independent growth in human mammary epithelial cells, Sappino AP, Buser R, Lesne L, Gimelli S, Béna F, Belin D, Mandriota SJ, March 2012, Journal of applied toxicology, US National Library of Medicine

[18] Contemporary Hormonal Contraception and the Risk of Breast Cancer, Mørch LS, Skovlund CW, Hannaford PC, Iversen L, Fielding S, Lidegaard Ø, December 2017, The New England journal of medicine, US National Library of Medicine

49 commentaires

  • Marie-Hélène Bailliez dit :

    J’ai passé une mammographie de contrôle il y a un mois, on a découvert que les microcalcifications s’étaient développées depuis 2 ans . J’ai alors subi une macro biopsie dont les résultats étaient : minuscules carcinomes intracanalaires ( dans les canaux lactifères ) et à présent je dois subir une chirurgie pour les enlever suivie de séances de radiothérapie . Voilà ce qui se passe lorsque l’on se fait dépister tous les 2 ans .Et pourtant j’ai pris longtemps de la curcumine et de la vitamine C ainsi que de la vitamine D depuis des années ! Je ne fume pas, je ne bois pas, je suis en train de faire un sevrage de somnifères et je n’ai pas de problèmes particuliers sauf l’angoisse et le stress et je suis très fatiguée . J’ai recommencé à faire du sport pour qu’il n’y ai pas de récidive …..

  • Alexis dit :

    Merci pour ce mail, simple, clair et sourcé, cohérent médicalement et plein de bon sens.
    Ce format est, à mon avis, celui que vous devriez à tout prix tâcher de conserver dans vos mails, à l’inverse de certains de vos mails qui me paraissent non seulement peu sourcés mais surtout bourrés de phrases d’accroche et d’effets d’annonce (à grand renfort de majuscules et de couleurs fluos).
    La prévention primaire (notamment par l’alimentation) est un domaine dans lequel la France a beaucoup (beaucoup) de retard. Merci d’en parler.

  • Rombaut dit :

    merci de nous déculpabiliser et de faire preuve de bon sens

  • Tognetti dit :

    Je ne peux adhérer à votre message : 4 de mes amies proches ont vu leur début de cancer détecté grâce à ce dépistage et ont été bien soignées. Elles ont gardé leur sein malade et ont eu chacune un traitement différent : chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie…
    Le traitement du cancer du sein a bien évolué et est adapté à chaque type de cancer.

  • GALOR dit :

    Bonjour,
    Je ne suis pas toujours d’accord avec vos idées mais cette fois, je le suis. Vous auriez pu aussi parler du THS qui multiplie aussi les risques de cancer.
    Cordialement

  • Chantal dit :

    Cet article me passionne par sa réalité argent avant tout
    La santé des femmes passe loin derrière ces gros laboratoires qui devraient investir dans une nourriture sans additifs sans produits chimiques
    Merci docteur Bazin

  • Amari dit :

    Merci pour ces recommandations fructueuses.

  • Rybacki dit :

    M e r c i

  • Fayet dit :

    Bonjour

    Par quoi remplacer le déodorant implique ?

    Merci de votre réponse

    Bien cordialement

    Anne marie

  • Grisun dit :

    J’ai toujours refusé cet examen avec force malgré l’opposition très forte de ma gynécologue et je dirais même d’un forcing psychologique et j’ai toujours pensé que les rayons de cet examen étaient extrêmement nocifs pour la santé.
    55 ans et à ce jour rien et votre commentaire me fait chaud au cœur. Par contre je suis très sensible à mon équilibre psychologique ainsi que mes rapports avec autrui et la nature qui est un tout. Je pense également que la maladie se développe dans certaines conditions.

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