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Bizarrement, TOUS les médias en ont parlé.

La presse écrite – comme Ouest France :

La radio – comme Europe 1 :

La télévision – comme BFM TV :

De quoi s’agit-il ?

Tout le monde sait que les médecins reçoivent des « petits cadeaux » de la part de l’industrie pharmaceutique.

Cela va du stylo donné par le visiteur médical à des invitations à dîner, voire des subventions pour assister à des congrès et conférences.

Eh bien, des statisticiens français ont voulu savoir si les médecins généralistes sont influencés ou non par ces cadeaux.

Résultat des courses : plus les médecins reçoivent des « petits cadeaux », plus leur prescription est chère et contestable.

A l’inverse, les médecins vertueux qui refusent les petits cadeaux de Big Pharma ont tendance à faire des prescriptions :

  • Un peu moins coûteuses pour l’assurance maladie (avec plus de médicaments génériques) ;
  • et avec un peu moins de médicaments inutiles et/ou dangereux (vasodilatateurs et benzodiazépines).

C’est bon à savoir, bien sûr.

Mais il y a un problème : cette étude est l’arbre qui cache la forêt.

Les médias se sont trompés de cible (comme souvent).

Car ce ne sont pas sont pas les « petits cadeaux » aux médecins généralistes qui changent la face du monde.

La réalité de la corruption de notre système de santé est ailleurs.

Il suffit de regarder la réalité des sommes dépensées par Big Pharma:

  • 14 millions seulement de cadeaux pour les médecins généralistes ;
  • et près de 250 millions pour les médecins spécialistes, soit 18 fois plus !!

Au total, si l’on ajoute les « liens d’intérêts », les laboratoires dépensent plus d’un milliard d’euros pour les médecins[1].

Rien à voir avec les quelques 14 millions distribués aux médecins généralistes !

On a obligé les médecins à déclarer publiquement les cadeaux qu’ils reçoivent, dès qu’ils dépassent 10 euros… mais le vrai problème est ailleurs.

C’est exactement comme le fameux dispositif « anti-lobby » à l’Assemblée nationale, qui demande aux lobbyistes de s’inscrire sur un registre et de porter un badge.

Ici aussi, c’est l’arbre qui cache la forêt, car la vraie puissance des lobbys ne se joue pas en plein jour, dans les couloirs de l’Assemblée nationale…

mais au plus haut sommet de l’Etat, dans des rencontres confidentielles.

Prenez le fameux dîner à l’Élysée du 8 juillet dernier, révélé par Médiapart, qui a réuni Emmanuel Macron, Agnès Buzyn et tout le gratin de Big Pharma (Sanofi, Roche, etc.)[2],

C’est là que les grandes décisions se prennent – et c’est le lendemain de ce dîner, le 9 juillet, qu’Agnès Buzyn a annoncé le déremboursement de l’homéopathie, comme par hasard.

Eh bien pour les médecins, c’est pareil.

La véritable corruption du système n’est pas dans les quelques déjeuners offerts aux médecins :

Le lobby pharmaceutique commence dès la Faculté de Médecine !

Pour Big Pharma, il est essentiel de commencer « l’endoctrinement » aussi tôt que possible.

C’est pourquoi l’industrie pharmaceutique est omniprésente dans les Facs de Médecine.

Big Pharma offre des cadeaux aux étudiants, organise quantité de conférences et formations sur le campus, finance les déplacements des étudiants à ses congrès médicaux.

Il arrive même que Big Pharma soutienne les étudiants dans la rédaction d’articles scientifiques – ce qui est une manière d’influencer la recherche

Au total, une étude du collectif Formindep, qui lutte contre les conflits d’intérêts en médecine, a montré que les Facultés françaises faisaient partie des plus laxistes au monde[3] !

En clair, Big Pharma y règne en maître, sans aucune règle pour limiter son influence sur les apprentis-médecins.

Et ce qui se passe en Fac n’est que le début de l’histoire.

La même chose a lieu à l’hôpital, en pire.

Saviez-vous que les chefs de service peuvent obliger leurs internes à assister à une « formation » organisée par un laboratoire pharmaceutique ?

« Si on refuse, on s’attire les critiques, ça peut nuire à notre carrière », a confié un jeune médecin au journal 20 Minutes[4].

« Carrière » : le mot est lâché.

C’est dans la carrière des « KOL » que tout se joue :

Le lobby pharmaceutique fait la carrière de nos grands « pontes »

Les KOL, « key opinion leaders » (leaders d’opinion clés), ce sont les grands pontes de médecine :

  • qui pèsent sur les décisions des autorités de santé – ces décisions visant à autoriser un médicament et décider de son prix ;
  • et qui influencent les prescriptions des autres médecins, par leur prestige.

Pour Big Pharma, il suffit donc d’avoir les KOL dans sa poche pour dominer le système.

Et de nos jours, il est très facile pour Big Pharma de manipuler les KOL !

Pour une raison simple : aucun médecin ne peut « faire carrière » sans être financé par l’industrie pharmaceutique.

Car pour devenir un « ponte », il faut faire de la recherche scientifique.

Mais pour faire de la recherche scientifique, il faut avoir des financements – cela coûte cher !

Et comme l’Etat et les institutions publiques n’ont quasiment plus d’argent pour la recherche, les médecins chercheurs sont obligés de se tourner vers… l’industrie !

C’est comme ça que Big Pharma crée de toutes pièces des « pontes » qui lui seront redevables toute leur vie.

Puis, pour s’assurer de leur totale « loyauté », Big Pharma passe avec eux des « contrats de consulting » bien juteux :

 « Il s’agit de contrats financiers personnels de consultance et de fonctions officielles au sein même des firmes pharmaceutiques, telles que la participation à leur conseil d’administration scientifique, avec la mission de parler ou de répondre, directement, en leur nom, aux questions que leur posent les instances officielles ou la presse. Ce sont des mercenaires. » (Pr Even)

Notre Ministre Agnès Buzyn en est un terrible exemple.

Elle a siégé au Conseil d’administration scientifique de deux laboratoires, Novartis et Bristol-Meyers Squibb[5], et a été grassement rémunérée par une filiale de Sanofi de 1998 à 2011[6].

Et comme le rappelle le Pr Even :

« Ces contrats atteignent couramment des sommes de 50 000 à 500 000 dollars et parfois un million ou plus. Chaque année. Des années. Tant que les leaders d’opinion restent utiles au développement des firmes.

Et beaucoup de ces leaders d’opinion sont sous contrat non pas avec une seule, mais avec trois, dix ou vingt firmes ».

A côté de tout ça, vous voyez que le repas à 40 euros offert au médecin généraliste n’a pas vraiment d’importance !

Mais il y a encore pire.

Aujourd’hui, c’est la recherche scientifique elle-même qui est corrompue :

La Science « déformée » pour servir le lobby pharmaceutique

Pour mettre un médicament sur le marché, l’industrie pharmaceutique teste son produit par des « essais cliniques », sur des patients.

Problème, ces essais sont désormais manipulés de bout en bout :

« Les essais cliniques chez les malades, tous financés et organisés sans contrôle extérieur par les firmes, ne peuvent, à 300 millions d’euros pièce, être négatifs.

Aussi sont-ils, dans la coulisse, TOUS, TOUJOURS, falsifiés, à toutes les étapes, dopés, élagués, lissés, brossés, astiqués, vernissés ou parfois enterrés lorsqu’ils ne sont pas sauvables, de façon à donner l’image la plus idyllique possible du nouveau médicament » (Pr Even).

Malgré toutes ces manipulations, ces articles sont acceptés dans des journaux scientifiques prestigieux.

Pourquoi ? Réponse du Pr Even :

 « Aucun journal ne peut résister longtemps aux pressions des grandes firmes, dont dépend directement leur survie à travers les budgets publicitaires et l’achat de centaines de milliers d’exemplaires distribués ensuite gratuitement par les firmes à tous les médecins du monde par l’intermédiaire des visiteurs médicaux ».

Résultat : la plupart des études scientifiques payées par Big Pharma ne sont pas fiables.

Ce n’est pas moi qui le dit, mais le Dr Richard Horton, l’actuel rédacteur en chef du Lancet, le journal médical le plus respecté au monde :

« Une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, n’apparaît pas crédible. Affligée d’études aux échantillons insuffisants, aux effets marginaux, aux analyses invalides et aux conflits d’intérêts flagrants, plus une obsession à suivre des modes dont l’importance est douteuse, la science a pris un tournant qui la mène vers les ténèbres »[7]

Même son de cloche chez la Dr Marcia Angell, qui a dirigé un autre grand journal médical :

« Il n’est simplement plus possible de croire une grande partie de la recherche clinique qui est publiée. Je suis désolée de cette conclusion, à laquelle je suis parvenue lentement et à contre-cœur au cours des deux décennies que j’ai passées à la rédaction du New England Journal of Medicine »

Et une fois la science « déformée », il ne reste plus qu’à en faire le service après-vente auprès des médecins et étudiants en médecine.

D’où l’importance d’organiser des « Congrès » sur les campus des universités.

D’où l’importance d’inviter gratuitement les médecins à déjeuner ou dîner pour qu’ils viennent écouter la bonne parole à ces fameux congrès.

En apparence, on y parle de science et de médecine… mais en réalité, ces congrès sont souvent des publicités déguisées pour les médicaments de Big Pharma…

…y compris quand ils sont organisés par des associations « respectables », comme la Fédération française de cardiologie :

 « La deuxième étape est d’assurer la promotion des produits des firmes à la tribune des congrès nationaux et internationaux organisés et financés pour cela par les firmes elles-mêmes, sur les thèmes qu’elles choisissent elles-mêmes, mobilisant à leurs côtés de nombreuses et puissantes associations de médecins.

Il y en a des centaines américaines, européennes ou nationales, dans le monde, qui ne survivraient pas vingt-quatre heures sans les financements que leur accorde l’industrie pharmaceutique » (Pr Even).

Je sais, je sais…

…tout cela est un peu déprimant !

Mais il faut le savoir, et ouvrir les yeux !

C’est pour ça qu’il est crucial de prendre en main sa santé soi-même, et s’informer par des sources indépendantes !

PS : Au cas où vous vous poseriez la question, même les instituts de recherche publics sont « mouillés » par l’argent de Big Pharma.

Écoutez plutôt le Dr de Lorgeril, dans un article passionnant intitulé Que signifie la notion de “conflit d’intérêt” ?

« C’est la même chose, pour les contrats de recherche passés entre un industriel et des équipes de chercheurs INSERM ou CNRS. Le chef ou le patron doit, pour assurer l’avenir de son labo (c’est-à-dire sa propre carrière, son avancement, ses primes et salaires en hausse, ses ambitions, son prestige national et international), pérenniser les contrats, c’est-à-dire faire plaisir à l’industriel, ou au moins ne pas lui déplaire. »

C’est ainsi que le mari d’Agnès Buzyn, Yves Levy, a dirigé l’INSERM alors que sa femme était ministre.

 « On peut ainsi rendre des services considérables à l’industrie des vaccins en étant le conjoint d’un(e) Ministre de la santé qui fait voter des lois très favorables au business des vaccins et en dirigeant soi-même des Instituts de recherche qui passent des contrats faramineux avec des industriels sous le label très comique de plate-formes public-privé de collaboration scientifique…  Seuls les imbéciles ou les complices (dans les médias) peuvent se laisser prendre. »

Les véritables interlocuteurs des industriels (d’ici et d’ailleurs) ne sont pas les Ministres, contrairement aux apparences, mais justement les hospitalo-universitaires et les supposés scientifiques (qui peuplent les divers comités consultatifs après avoir été subtilement sélectionnés), les uns dans leurs unités de soin, les autres dans leurs labos.

Dit autrement, les industriels rémunèrent ces sommités intellectuelles (de façon plus ou moins évidentes : contrats de recherche, prix et récompenses, invitations variées…) de façon qu’ils participent au Spectacle de façon positive. »

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