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Inénarrable ministre Agnès Buzyn.

Face à l’épuisement total des infirmières et autres soignants des Urgences, elle répond en dégainant… la matraque !

Oui, elle a envoyé des gendarmes en pleine nuit chez des soignants en arrêt maladie, pour les réquisitionner de force !

Et comme si cela ne suffisait pas, Madame Buzyn en a rajouté une couche dans les médias :

  • en déclarant qu’elle n’a pas de « solution miracle » pour les Urgences !!!
  • et en appelant « les professionnels à faire preuve de responsabilité » 

Pourtant, vous allez voir : il y a bien des solutions simples, efficaces et de bon sens.

Et c’est plutôt Madame Buzyn qui devrait faire preuve d’un peu de responsabilité, du haut de son ministère doré !

Car le problème des Urgences ne date pas d’hier.

Cela fait plus de 20 ans que la situation s’aggrave chaque année (le nombre de visites aux Urgences a doublé en 20 ans !!).

Il y a 15 mois, Agnès Buzyn nous expliquait qu’il fallait « désengorger les Urgences », qui prennent en charge « une majorité de personnes qui ne devraient pas y être »[1].

Mais qu’a-t-elle fait, depuis ?

Rien, strictement rien.

Elle a attendu tranquillement que la situation « explose ».

Puis, quand les soignants épuisés ont fini par jeter l’éponge, elle leur a envoyé les gendarmes.

Ah si, elle a fait autre chose aussi : elle a « commandé un rapport » !

Alors qu’il y a plusieurs dizaines de rapports qui disent la même chose depuis 1993.

Car l’engorgement de nos Urgences est un problème de santé publique.

Si vous êtes en train de faire un AVC, par exemple, chaque seconde compte.

Soit vous êtes soigné rapidement, et vous pouvez vous en sortir… soit on tarde trop, et vous pouvez devenir sourd, aveugle, lourdement handicapé, voire mourir.

La médecine moderne est irremplaçable en cas d’urgence : si vous faites un infarctus, un AVC, un accident de voiture, notre système médical peut vous sauver la vie…

…mais encore faut-il que vous soyez pris en charge rapidement !

Le problème, c’est que d’innombrables patients viennent aux urgences alors qu’ils n’ont rien à y faire.

Ubu et Kafka aux urgences (aberrations de la bureaucratie)

C’est un constat sur lequel tout le monde s’accorde (médecins urgentistes, rapports du Sénat, rapport de la Cour des Comptes, etc.) : une majorité de patients qui se présente aux urgences ne devrait pas y être.

Les vrais actes d’Urgence, la réanimation pour les patients en danger de mort, sont très rares : moins de 5 % des passages[2].

Au contraire, près de 80 % des personnes arrivant aux urgences finissent par repartir tranquillement chez eux, sans être hospitalisées.

La vérité, c’est que les Urgences sont un confort qui ont deux avantages énormes :

  • Ils sont perçus comme gratuits : le patient n’a aucune avance de frais à régler, même s’il multiplie les examens ;
  • Et ils réunissent en un seul endroit des médecins spécialistes et des équipements (scanners, IRM, prise de sang…) permettant de faire énormément d’examens en peu de temps !

C’est ce qu’explique parfaitement un rapport récent de l’Assemblée Nationale :

« Pourquoi le patient, sachant qu’il peut attendre plusieurs heures, vient aux urgences ?

– par facilité (horaires) ;

– parce qu’il sait qu’il ressortira de l’hôpital avec un diagnostic et une prise en charge complète, ceci grâce au plateau technique présent au sein des hôpitaux. Il évite ainsi les allers/retours entre son médecin généraliste, le radiologue, le biologiste ou le spécialiste avec des rendez-vous l’obligeant à prendre plusieurs demi-journées de congés, sur un laps de temps relativement long. »[3]

Même son de cloche dans un autre rapport parlementaire : « Ces patients souhaitent, ou obtenir une réponse rapide à une question de santé, ou être pris en charge à l’horaire qui leur convient, ou encore pouvoir effectuer l’ensemble de leurs examens au même endroit et au même moment, quitte à attendre plusieurs heures pour cela. »[4]

Dans le même rapport, le problème de la gratuité est également évoqué :

« Les professionnels des urgences estiment quasi unanimement que l’absence d’avance de frais, perçue (à tort !) comme une forme de gratuité des soins par les patients, joue un rôle important dans le choix du recours aux urgences »

Une fois que vous savez cela, la solution paraît évidente :

  • Soit refuser purement et simplement les patients qui ne relèvent pas des vraies urgences ;
  • Soit imposer une taxation forfaitaire non remboursée pour ceux qui se présentent aux urgences sans réel besoin.

Si vous faites ça, « en un mois vous rétablissez une paix royale dans tous les services d’accueil des urgences de France, qui auront alors même trop de personnel, et ceci sans mettre en péril le moins du monde la santé publique », selon le Dr Jean-Marie Gendarme[5].

Évidemment, ceux qui craignent de faire un AVC ou un infarctus ne doivent surtout pas se priver d’aller se faire examiner.

Mais dans ce cas, il leur suffit d’appeler le 15 – et si l’urgence est manifeste, ils vous enverront même une ambulance !

Cela paraît simple non ?

Mais ce n’est pas du tout ce que propose Madame Buzyn.

Au contraire, savez-vous la mesure qu’elle a défendue, à l’automne dernier ?

Tenez-vous bien : elle a eu l’idée de payer les hôpitaux pour ne pas prendre les patients qui ne sont pas en situation d’urgence !

Cela s’appelle le « forfait de réorientation » et ce serait une prime aux hôpitaux qui redirigent au bon endroit les patients qui ne relèvent pas des Urgences.

Si cela vous semble absurde, c’est que ça l’est.

Il faut savoir que dans le système actuel, les Urgences ont besoin des patients légers (non urgents) pour équilibrer leur budget.

Je n’exagère pas. Pour schématiser, l’hôpital reçoit une somme d’argent fixe pour chaque patient… mais les patients « lourds » (qui demandent beaucoup d’actes et d’examens complémentaires), coûtent plus d’argent que les patients « légers » qui n’ont rien à faire aux Urgences.

D’où la tentation des gestionnaires de prendre un maximum de patients « non urgents » aux Urgences !

Comme le résume un rapport du Sénat : « un hôpital qui s’emploierait à réduire les flux de patients entrant aux urgences travaillerait contre son intérêt. »[6]

Mais plutôt que de corriger ce système absurde, nos responsables ont imaginé une solution encore plus invraisemblable où on « paie » l’hôpital pour faire son devoir, à savoir rediriger les patients.

C’est déjà fort de café. Mais il y a bien pire :

Violences, crachats, misère sociale : la face cachée des Urgences 

Le vrai problème des soignants des Urgences n’est pas seulement la « surcharge de travail ».

Si ce n’était que ça, les infirmiers et infirmières ne se mettraient pas en grève, car ils sont trop conscients de l’importance de leur travail.

S’ils en arrivent à cette extrémité, c’est parce que la situation est INSUPPORTABLE à tous points de vue.

Il y a d’abord les agressions physiques :

« On a des agressions à tout-va et si on porte plainte, il ne se passe rien », explique Cyril, infirmier depuis 20 ans.

Avant, j’étais à Longjumeau et tous les jours je subissais une agression, on m’a étranglé, menacé, parfois avec des armes, c’est plus possible. »[7]

Ce n’est pas un témoignage isolé. Les rapports parlementaires le confirment :

« Les soignants et encadrants rencontrés ont également mis l’accent sur la progression des actes de violence et d’incivilité. Il a été indiqué à plusieurs reprises que la violence, longtemps restée verbale, tend de plus en plus souvent à devenir physique. »[8]

Écoutez ce que dit Candice Lafarge, une aide-soignante :

« On s’est habitués aux crachats, aux insultes, mais on n’était pas préparés à ce que notre intégrité soit touchée »[9].

Est-ce que vous vous rendez compte ?

Pouvez-vous imaginer que « cracher » sur un soignant puisse être devenu un sport national ??

« C’est un boulot de chien de travailler aux urgences. On se fait cracher dessus tous les soirs », a confirmé à l’AFP l’infirmier Hugo Huon.

Et on fait comme si c’était normal !!

Alors excusez-moi, mais là aussi il y a une solution simplissime et efficace.

Il faudrait expulser immédiatement de l’hôpital toute personne qui ose cracher sur un soignant – sauf si la vie du patient est en danger bien sûr.

Là encore, le problème serait sans doute totalement résolu en un mois.

Mais ne comptez pas sur Agnès Buzyn pour le faire – elle préfère « commander des rapports » !

Le drame, c’est notre société tout entière qui a pris l’habitude de baisser les yeux :

« Le mot d’ordre est de tout accepter ! Il ne faut pas faire de vague ! C’est comme ça dans plusieurs établissements, nous sommes encouragés à nous taire, nous laisser insulter et parfois violenter… »[10]

Lisez attentivement ce que dit cette infirmière au journal Le Parisien :

« Je suis aux urgences depuis 13 ans. J’ai fait trois ans d’études et je gagne 1 900 € par mois. Chaque jour, je me fais insulter, cracher au visage par les familles de patients qui sont épuisées d’attendre. »

On dirait qu’elle trouve presque « normal » de se faire cracher dessus parce que l’attente est trop longue !

En fait, l’autre grand problème des urgences, c’est qu’elles sont devenues la « pompe aspirante de la misère sociale », selon l’expression d’un médecin.

Beaucoup des patients ont un problème « social » beaucoup plus que médical.

Selon le rapport du Sénat : « les soignants mettent en avant la très grande précarité d’une part non négligeable des patients accueillis ».

Or ces patients à « grande précarité » demandent beaucoup, beaucoup de temps :

« En l’absence de dossier médical et de suivi antérieur, il est en effet nécessaire de reconstituer l’historique du patient, ce qui n’est pas toujours aisé. Les soignants ont par ailleurs indiqué qu’ils n’avaient parfois pas d’autre solution que de réaliser de très nombreux examens, au-delà du motif de consultation initial, dans la mesure où le patient accueilli risque ensuite de sortir à nouveau du parcours de soins ; il est alors nécessaire de procéder à un bilan sanitaire complet

Peut par ailleurs se poser un problème de communication résultant d’une barrière linguistique, qui complexifie encore davantage le travail des équipes : à Avicenne, il a été indiqué que la patientèle accueillie parlait plus de 80 langues différentes. »

Ici, je n’ai évidemment pas de baguette magique : c’est un problème de société.

Mais il y a aussi un problème de mentalité, sur lequel on peut agir :

On a oublié que la médecine doit être l’exception, pas la règle !

Avant, les Urgences, c’était :

  • Les accidents de la route (12 000 morts dans les années 1980, 3 000 aujourd’hui) ;
  • Les accidents de tondeuses ou de tronçonneuses (non sécurisées), les tracteurs retournés, les doigts tranchés dans une machine – heureusement beaucoup moins fréquents ;
  • Et bien sûr les AVC, infarctus (il y a deux fois moins d’infarctus aujourd’hui qu’il y a 30 ans[11]).

Aujourd’hui, les Urgences, ce sont le plus souvent des bobos nettement moins sérieux.

Au total, il y a beaucoup moins d’accidents graves qu’avant… mais beaucoup plus de monde aux Urgences !

J’ai donné plusieurs raisons « pratiques » (gratuité, simplicité, etc.).

Mais il faut dire aussi que nous avons développé un rapport malsain avec la médecine.

Nous en attendons beaucoup trop… et nous oublions que « trop de médecine », c’est mauvais !

Trop de médecine, ce sont les surdiagnostics, les opérations chirurgicales inutiles, les médicaments dangereux sur le long terme.

Rappelez-vous : les grèves de médecins ont généralement pour conséquence une amélioration de la santé des patients[12]. Elles ne causent pas plus de morts, mais moins de morts.

Et puis, il y a l’inculture médicale, encouragée par nos autorités.

Cela crève les yeux chez les parents d’aujourd’hui : à la moindre fièvre de leurs enfants, certains les emmènent aux Urgences pédiatriques !

C’est ce que dit noir sur blanc le rapport du Sénat :

« Plusieurs professionnels ont également mis en avant une difficulté excessive des personnes à gérer l’angoisse associée à la maladie ou à la douleur, notamment lorsque des enfants sont concernés

Ainsi, trois quarts des passages aux urgences pédiatriques correspondraient en réalité à une « fonction dispensaire », du fait de l’incapacité des parents à gérer des situations considérées comme sans gravité particulière par les soignants (notamment en cas de fièvre). »[13]

Ce qu’on a oublié – et ce qu’il faut réapprendre – c’est que, dans la plupart des cas, l’inaction médicale est préférable à l’interventionnisme.

C’est ce qu’a brillamment écrit le Dr Welch dans un livre intitulé « Moins de médecine, plus de santé », et dont j’ai lu une brillante recension chez Yves Rasir, de NéoSanté[14].

Ce médecin explique que « ne rien faire est quelquefois exactement la chose à faire » car « le corps humain a une faculté remarquable d’auto-guérison ».

Bien sûr, il y a toujours des choses utiles à faire pour aider la nature : diète, repos, huiles essentielles, micro-nutriments, homéopathie, etc.

Mais ce n’est pas ce que la plupart des médecins vous prescriront.

C’est une bonne raison de ne les consulter qu’en cas d’urgence ou nécessité médicale réelle

…et de prendre en main votre santé, réellement, profondément !

72 commentaires

  • ROUAULT dit :

    Je viens d’ avoir un RV pour une consultation pour la douleur,demandé en Mai 2018!
    Notre nouveau médecin traitant qui a bien voulu de nous,le notre étant parti à la retraite en décembre 2018 pas remplacé mais ne fait pas de visites à domicile..que faire si impossibilté de se déplacer???Désormais il ne faut plus argumenter que nous avons le choix du médecin.c’ est l’ inverse,il faut en trouver un qui voudra bien, de nous…

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